• Cancer du sein : impliquer davantage les généralistes.
LE TAUX de participation des femmes françaises invitées à subir un examen bisannuel de dépistage du cancer du sein en 2000 stagne à 38 %*, alors que la recommandation européenne est de 70 %, rapporte une étude de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer pour l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps).
Autre point noir relevé par les enquêteurs : le temps écoulé entre la date de dépistage et le premier traitement, qui excède deux mois et demi, au lieu des quatre semaines préconisées par Bruxelles. En revanche, le programme français de dépistage se révèle « assez performant » pour le rappel, la détection des tumeurs malignes et la valeur de prédiction de la biopsie.
Parmi les suggestions faites par l'Opeps figure une meilleure identification des opérations relevant du « dépistage organisé » et des démarches individuelles. L'objectif est de ne prendre en charge, à partir de 2006, que les dépenses du « dépistage organisé »,« à l'exception des actions réalisées par les femmes (mammographie avant 50 ans, ou à un rythme supérieur à une fois tous les deux ans, ndlr) présentant un risque génétique ».
Les auteurs proposent de standardiser les indicateurs d'efficacité, comme la taille des tumeurs, au niveau régional et national, et de faire procéder à une évaluation dans quelques départements ciblés, « ce qui permettra d'apprécier la qualité du dépistage et les coûts qui lui sont associés ». Les moyens consacrés à l'établissement des registres des cancers doivent être augmentés de manière à rendre plus performantes les conditions de recueil de ces informations.
Des propositions sur l'amélioration de la qualité du programme de dépistage concernent en particulier les appareils utilisés pour les examens. La coopération entre l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes) et les société savantes (radiologues, anatomopathologistes) permettra de diffuser les bonnes pratiques et de favoriser les regroupements à l'échelon régional plutôt que départemental.
La nécessité « de combler les lacunes en termes d'équipement et d'anticiper les effets de la diminution prévisible des effectifs de radiologues » est soulignée. L'organisation du programme doit « être modernisée, en informant mieux les femmes et en impliquant plus les médecins généralistes ».
• Handicap de l'enfant : multiplier les actions préventives périnatales.
Dans le domaine du handicap de l'enfant, une étude conduite par l'Inserm (unité SC 14), pour le compte de l'Opeps, insiste sur l'utilité des travaux scientifiques pour mieux connaître la déficience et les facteurs susceptibles de l'aggraver, principalement au cours de la période périnatale. On parle de handicap d'origine périnatale à partir de 22 semaines d'aménorrhée et jusqu'à 28 jours après la naissance. On estime que de 20 à 35 % des déficiences sévères apparaissent avant la naissance et que de 5 à 10 % d'entre elles résultent de circonstances postnéonatales, en rapport avec un traumatisme ou, plus rarement, une infection ou une tumeur. Par élimination, on considère donc que de 55 à 75 % des déficiences pourraient apparaître lors de la période périnatale. Toutefois, une telle interprétation appelle à la prudence, souligne l'Opeps, « car on ne constate l'existence avérée d'un facteur de risque périnatal (prématurité, hypotrophie, asphyxie à la naissance) ou d'une anomalie d'origine péri- ou néonatale (encéphalopathie, anoxo-ischémique, leucomalacie périventriculaire, hémorragie intraventriculaire) que dans 15 à 45 % des cas ».
Parmi les facteurs de risque, il est établi que l'élévation de l'âge de la mère se traduit par une augmentation du nombre de naissances d'enfants malformés. L'alcool et le tabac, mais aussi la consommation de cocaïne, l'exposition au plomb, la présence de dioxines ou encore le stress maternel constituent autant de facteurs aggravants des lésions cérébrales acquises en période périnatale.
Parmi les mesures de prévention à engager, dès avant la naissance, le rapport recommande « le transfert de la mère en menace d'accouchement prématuré sévère » vers un centre hospitalier régional. Dans le même temps, il faut développer les techniques relatives au dépistage anténatal des malformations congénitales et au pronostic neurologiques des populations à haut risque (enfants grands prématurés). Après la naissance, il faut « systématiser le dépistage ». La plupart des anomalies périnatales peuvent être détectées dans les trois premières semaines après la naissance ; cela concerne le handicap moteur, les déficiences neurosensorielles et les troubles envahissants du développement. Les examens requis par les rubriques du carnet de santé devraient couvrir tout le champ du dépistage, ce qui suppose que les visites obligatoires aient bien lieu, « d'où la nécessité de prêter une attention particulière aux populations à risque ». Des examens supplémentaires, indépendamment du dépistage classique, serviront à mesurer « les effets cumulatifs et interactifs des facteurs de risque biologiques, périnataux et environnementaux sur le devenir desenfants ».
Pour ce qui est du dépistage précoce, il doit permettre une prise en charge aussi rapide que possible de l'enfant handicapé, « accompagnée d'une information des parents sur les centres d'action médico-sociale précoce ». Enfin, l'Opeps accorde une attention particulière aux réseaux, « qui facilitent le retour des enfants au domicile familial et assurent des programmes d'intervention précoce ou de soins de développement postérieurs à l'issue de l'hospitalisation ».
* L'évaluation porte sur les 50-69 ans. Aujourd'hui, le « dépistage organisé » concerne les 50-74 ans.
Evaluer les politiques de santé
Créé par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2003, à la suite d'un amendement de Jean-Michel Dubernard, l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps), présidé par Nicolas About, a pour mission « d'informer le Parlement des conséquences des choix de santé publique ».
Cette nouvelle délégation parlementaire est composée des présidents des commissions de l'Assemblée et du Sénat chargées des Affaires sociales, des rapporteurs de ces commissions, chargés de l'assurance-maladie, et de dix députés et dix sénateurs, choisis pour assurer une représentation proportionnelle des groupes politiques. L'Office est assisté d'un conseil d'experts dans le domaine de la santé (Claudine Blum-Boisgard, Gérard Bréart, Françoise Forette, Claude Le Pen, Arnold Munnich et Thierry Philip). Il peut être saisi par le bureau de l'une ou l'autre assemblée ou par une commission.
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