« L'AUTORITÉ parentale est capitale. Les familles doivent prendre toute leur responsabilité. Celles qui s'y refusent doivent être sanctionnées, comme la loi le prévoit. Celles qui connaissent de grandes difficultés doivent, en revanche, être activement soutenues », a fait savoir le chef de l'Etat lors de son allocution télévisée du 14 novembre.
Dans cet esprit, le député-maire UMP de Draveil dans l'Essonne, Georges Tron, a « donné instruction aux services sociaux de sa mairie de suspendre immédiatement la distribution des aides du Centre communal d'action sociale pour toutes les familles dont un membre aura été à l'origine d'un acte de violence ou d'une dégradation sur un bien public et privé ». Il ne s'agit pas des allocations familiales, mais des seuls soutiens communaux, à savoir « l'assistance alimentaire, le complément EDF, la coopération aux secours d'urgence, l'aide à la cantine et aux vacances pour les enfants, la collaboration au financement de médicaments, l'eau, l'énergie et le téléphone », a détaillé l'élu. Pour sa part, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) dénonce « la surenchère populiste » du premier magistrat de Draveil. Une telle mesure, estime-t-il, ne fera « qu'enfoncer des familles en détresse dans la spirale du désespoir ».
L'Unaf contre les brevets d'éducation.
Avant la décision de Georges Tron, son collègue député-maire UMP du Raincy, en Seine-Saint-Denis, Eric Raoult, ancien ministre de la Ville, s'était déclaré favorable à une suspension « d'un à trois mois » des allocations familiales en cas d'implication d'enfants dans des violences urbaines. De son côté, Nicolas Sarkozy a demandé aux députés, le 8 novembre dernier, lors d'un débat sur les banlieues, de s'interroger sur les parents qui n'exercent pas convenablement leur autorité. « Doivent-ils bénéficier de toutes les allocations ?»
L'Union nationale des associations familiales (Unaf) exprime une opposition très nette à ces propositions. « Les allocations ont été créées pour compenser les charges des familles et non pour décerner un brevet d'éducation », souligne-t-elle. « Dans l'arsenal juridique existant, un dispositif doit pouvoir être mobilisé : la tutelle aux prestations familiales », dit l'Union, en référence à la nomination possible, à la demande d'un juge, d'un tuteur chargé d'aider la famille à gérer son budget. Pour l'Unaf, il serait judicieux de donner des « moyens » aux réseaux « d'appui et d'écoute » pour que les parents en difficultés « puissent être accompagnés, retrouver leur dignité de parent et assumer leurs responsabilités parentales ».
Depuis une loi de janvier 2004, « il n'y a plus la possibilité de suspendre ou de supprimer les prestations familiales en cas d'absentéisme scolaire », précise-t-on au ministère de la Famille. « En revanche, les parents des élèves fréquemment absents risquent une amende de 750 euros, après intervention de l'inspection académique auprès d'un tribunal », relève la Caisse nationale des allocations familiales, en notant que « toute modification du système devrait entraîner une réforme de la législation en vigueur ». La loi en question fait actuellement l'objet d'une « évaluation » par le ministère de Philippe Bas.
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