Pour répondre au défi du vieillissement de la population, qui se traduit par la multiplication des pathologies chroniques et multiples, notre système de santé doit faire sa mue vers les parcours de soins, a expliqué la présidente du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie (HCAAM), Anne-Marie Brocas, invitée ce mardi matin des Amphis de la Santé*.
« Il faut quitter une vision compartimentée et développer la coopération entre les intervenants », a-t-elle déclaré. Anne-Marie Brocas rejette néanmoins tout amalgame entre coopération et délégation de tâches. « On entend trop souvent la délégation de tâches comme une réponse à la raréfaction du temps médical et à une pénurie démographique », explique-t-elle. Or de pénurie catastrophique, telle qu’on pouvait la redouter il y a 7 ans, il n’est pas question. « Il y aura peut-être une légère baisse du nombre de médecins, mais elle sera de courte durée, en raison de l’exercice des médecins étrangers et du recul des départs en retraite », ajoute-t-elle.
Service rendu à la population
Les coopérations doivent plutôt être envisagées dans la perspective d’un meilleur service rendu à la population. « Il faut structurer la prise en charge des patients et penser leur graduation, recommande Anne-Marie Brocas : soigner un rhume chez une personne de 20 ans ne requiert pas la même réponse qu’une polypathologie chez un octogénaire. »
Selon le HCAAM, les enjeux ne se résument au statut et à la rémunération mais requièrent une organisation stable et pérenne. « Médecins, infirmiers, pharmaciens doivent avoir une vision plus transversale », suggère Anne-Marie Brocas.
Ces recommandations du HCAAM ont été entendues par les autorités. « La loi de santé intègre le parcours », observe la présidente, selon qui la crédibilité de l’organisation ambulatoire est la condition sine qua non pour sortir de l’hospitalocentrisme.
Mais le chemin est encore long. Les diverses initiatives qui émergent sont loin de répondre à un seul schéma d’organisation efficient et soutenable, et les méthodes manquent pour les évaluer. Le HCAAM devrait bientôt s’interroger sur des modèles pérennes et innovants, a conclu sa présidente.
* Organisés par l’ACIP, la chaire ESSEC Santé et « le Quotidien du Médecin ».
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