Association française pour l'étude de la ménopause (AFEM) 28-30 novembre 2002 - Paris

Les ovaires de la femme ménopausée sont-ils fonctionnels ?

Publié le 05/12/2002
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Classiquement, on estime que les ovaires de la femme ménopausée continuent de sécréter de petites quantités d'androgènes, fort utiles, semble-t-il, pour conserver une bonne qualité de vie, et tout particulièrement au plan de la libido, de l'humeur, de l'état de fatigue et des fonctions cognitives.

Or une étude récente (publiée dans le « Journal Clinical Endocrinology Metabolism ») aboutit à la conclusion inverse, montrant que les androgènes de la femme ménopausée viennent de leurs surrénales et non de leurs ovaires. L'équipe française a comparé différentes constantes biologiques chez des femmes postménopausées naturellement, chez celles avec une ménopause artificielle et un fonctionnement surrénalien normal et celles qui présentent une insuffisance surrénalienne caractérisée. Toutes étaient âgées de 53 à 57 ans. Les différentes formes d'hormones mâles étaient dosées dans le plasma : testostérone totale, testostérone bioactive, testostérone libre, androsténédione et de sulfate de déhydroépiandrostérone (d'origine surrénalienne). Des tests dynamiques avec freinage par la dexaméthasone et de stimulation gonadique par HCG étaient réalisés, ainsi qu'une étude immunohistochimique des ovaires postménopausiques (comparée à celle d'ovaires préménopausiques).
Grâce à ce protocole très précis et rigoureux, les auteurs ont montré que les femmes avec des ovaires postménopausiques (ou pas d'ovaires) et une insuffisance surrénalienne n'ont pas de sécrétion résiduelle d'androgènes.

Les androgènes viennent des surrénales

A l'inverse, celles qui ont une fonction surrénalienne normale présentent des taux d'androgènes parfaitement détectables. De plus, l'injection d'HCG (qui stimulent les ovaires) n'induit aucune élévation de la production d'hormones mâles. Alors que l'injection de déxaméthasone (qui freine la surrénale) est associée à une baisse des taux de testostérone et d'androsténedione. Enfin, l'étude immunohistochimique montre des taux de testostérone très nettement bas dans le tissu ovarien en postménopause qu'en préménopause. Elle ne retrouve pas non plus d'aromatase, ni de récepteurs FSH et LH en postménopause.
La récente publication française reste encore isolée et ne pourra être définitivement validée (ou non) que par des travaux effectués sur une plus grande échelle par des équipes internationales de renom.
« Ainsi, précise le Pr André Gorins (Paris), modérateur du débat, contrairement aux travaux antérieurs, cette étude avec une méthodologie minutieuse montre l'absence de sécrétion androgénique en quantité significative au niveau des ovaires des femmes ménopausées. Les androgènes lorsqu'ils sont présents proviennent des surrénales. L'interruption de toutes fonctions hormonales après la ménopause incite donc à pratiquer une ovariectomie bilatérale prophylaxique lors d'une hystérectomie chez la femme ménopausée. Cette attitude doit néanmoins encore être discutée en fonction d'autres critères, notamment opératoires. » L'utilité des androgènes sur la qualité de vie des femmes incite, en outre, à poser la question d'une substitution quand leur taux est trop bas et/ou en présence de symptômes.

D'après un entretien avec le Pr André Gorins.

Dr Denise CARO

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7234