LA SOLUTION miracle contre l'ostéoporose réside peut-être dans l'os lui-même, tout du moins dans l'os de foetus : une équipe de chercheurs de l'école de médecine de l'université de Yale (New Haven, Connecticut) vient en effet de découvrir que, chez le rat, les ostéoblastes foetaux synthétisent et sécrètent une molécule plus ou moins semblable aux estrogènes, mais dont les effets semblent se limiter à la régulation de l'homéostasie osseuse. Selon Michael Centrella et coll., la production de cette molécule qui n'a pas encore été baptisée diminuerait avec l'âge. Cependant, les chercheurs imaginent qu'il pourrait être possible de relancer sa synthèse ou de la produire in vitro pour l'administrer aux patientes ménopausées menacées d'ostéoporose.
La régulation de la croissance et du remodelage osseux dépend largement de l'activité des estrogènes. C'est la raison pour laquelle la ménopause s'accompagne souvent d'une perte de masse osseuse conduisant à une fragilisation des os et augmentant ainsi les risques de fracture. L'administration de dérivés des estrogènes peut inverser ce processus en restaurant le taux hormonal normal. Cependant, cette stratégie thérapeutique est associé à des effets secondaires délétères liés à la largeur du spectre d'action des estrogènes : l'administration d'hormones exogènes conduit en effet non seulement à une modification bénéfique du programme d'expression génétique de cellules de l'os, mais elle entraîne aussi, malheureusement, des altérations inappropriées de celui des cellules des tissus mammaire et cardio-vasculaire.
Tel ne serait pas le cas de la molécule découverte par l'équipe de Centrella.
L'équipe étudiait les mécanismes d'acquisition de la réponse aux stéroïdes sexuels au cours de la différenciation ostéoblastique. Pour modèle d'étude, les chercheurs avaient choisi la culture in vitro d'ostéoblastes de foetus de rats.
Agoniste du récepteur alpha aux estrogènes.
Au cours d'une première série d'expériences, Centrella et coll. ont observé que les gènes dont l'activité est déclenchée par l'activation du récepteur alpha aux estrogènes démarrent au 21e jour de culture, sans qu'il soit nécessaire d'ajouter le moindre ligand dans le milieu.
Suite à cette observation, les chercheurs ont recueilli et purifié le surnageant d'ostéoblastes cultivés depuis trois semaines et l'ont mélangé au milieu de cellules en culture depuis seulement sept jours : il est apparu qu'une molécule présente dans le surnageant suffit à activer la voie du récepteur alpha.
Phases de croissance et de relargage.
Cette molécule n'a cependant pas exactement le même effet que les estrogènes : sa fixation sur le récepteur alpha induit l'expression d'un plus petit nombre de gènes. La molécule semble en fait ne déclencher que l'activation des gènes nécessaires et suffisants à la croissance et à la différenciation des ostéoblastes.
Selon Centrella et coll., «il est possible que le relargage local de cet agoniste des récepteurs alpha aux estrogènes ait une action ostéoprotectrice lors des phases de croissance et de remodelage osseux». La molécule pourrait même «devenir un outil utile au maintien de la densité osseuse lors de certains états métaboliques». Ces hypothèses restent bien sûr à tester avant de crier victoire.
T.L. McCarthy et coll. « Proc Natl Acad Sci USA » du 13 mai 2008, vol. 105, pp. 7022-7027.
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