A QUELQUES jours de l'entrée en vigueur du nouveau parcours de soins, le collectif lyonnais « Santé Solidaire », qui conteste la réforme et la convention, organise un débat de grande envergure au conseil régional Rhône-Alpes, le 25 juin, sur « les dérives d'un système solidaire vers un système assuranciel ».
Des élus de toutes tendances politiques, des représentants du Conseil national de l'Ordre des médecins et de la Haute Autorité en santé, ainsi que des représentants syndicaux dont le Dr Pierre Costes, président de MG-France, ont été conviés à ce débat, point d'orgue des multiples « Rencontres citoyennes », organisées dans le Rhône, depuis quatre mois par ce collectif (1).
Ce débat, proposé six jours avant la mise en place du parcours de soin, reste symbolique, bien qu'il vise à interpeller les élus « sur la nécessité de construire une politique de santé », indique le Dr Albert Fhima, président de la Fédération des réseaux de soins de Rhône-Alpes (Frsra). En effet, pour ce collectif, la convention médicale et les différents décrets issus de la réforme ne peuvent qu'aboutir « à couler la Sécurité sociale ».
Pour dénoncer les dérives « antisociales » de la loi du 13 août 2004, les membres du collectif ne manquent pas d'exemples : « J'ai déjà vu des patients en affection longue durée (ALD) , taxés de 1 euro à chaque examen biologique », affirme le Dr Pascal Dureau, généraliste à Vénissieux. Et de s'interroger : « Comment les caisses vont-elles faire dans la nouvelle jungle tarifaire si elles ne sont même pas capables de gérer cet euro dit de responsabilisation, pour les 8 % d'assurés sociaux en ALD ? »
Le collectif souligne des éléments moins visibles de la réforme, comme la disparition de la prise en charge à 100 % des frais postchirurgicaux qui conduirait certains malades, dans l'incapacité de faire l'avance des frais, à se passer de soins infirmiers ou de kinésithérapie. D'ailleurs, les fonds sociaux des caisses d'assurance-maladie, dédiés à l'aide des plus démunis, « ont été asséchés », observe Marie-Jo Piegay, représentante Cfdt. « On ne mesure pas assez le risque politique qui pèse aujourd'hui sur la société française », résume le Dr Fhima. Par ce débat, le collectif espère donc provoquer « une prise de conscience collective ». Il maintient son mot d'ordre de grève du formulaire de médecin traitant. A la mi-juin, la Cpam de Lyon affichait un taux de retour inférieur à 30 %.
(1) MG 69, Snjmg, Syrel, Clge, Cfdt, CGT, Unsa, FSU, HES, Fnath.
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