DEPUIS PRESQUE un mois que les franchises médicales sont entrées en vigueur, l'opposition à ce que d'aucuns qualifient d' «impôt sur la maladie» ne désarme pas et les débats s'intensifient.
En signe de protestation, au moins quatre malades chroniques ont maintenant annoncé l'arrêt de leur traitement, mettant parfois leur vie en danger, et refusant d'entendre les appels à la raison lancés par le gouvernement. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, est montée au créneau. Elle a demandé à ces patients de cesser leurs «grèves des soins» en ces termes : «Je veux dire à ces quatre malades qui ont décidé de ne pas se soigner qu'il ne faut pas qu'ils jouent avec leur santé.» Et précisé au passage que ces grévistes étaient « hors la loi » : ces patients, a-t-elle dit, «décident de porter le débat» face à une «décision du peuple français» à travers le vote de son «parlement souverain».
Atteint du sida, Bruno-Pascal Chevalier, le premier de ces malades à avoir annoncé publiquement sa décision – ce qui lui a valu un courrier de Nicolas Sarkozy (« le Quotidien » du 18 janvier) et la visite lundi soir du premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande –, a fait savoir pour sa part qu'il entendait poursuivre sa «grève des soins», tout en soulignant qu'il n'appelait «surtout pas» d'autres malades à faire comme lui. Une précision relayée par plusieurs associations de patients opposées aux franchises qui rendent toutefois le gouvernement responsable de cette situation.
Une mauvaiqe interprétation du chef de l'Etat.
Après avoir appris qu'un diabétique avait arrêté ses piqûres d'insuline, mettant «sa vie en jeu», le président de l'Association française des diabétiques, Gérard Raymond, a ainsi demandé «à ceux qui ont très généreusement mis en place les franchises, en nous expliquant que c'était une nouvelle forme de solidarité, de prendre leurs responsabilités».
Act Up juge de son côté que le «mépris pour les malades» de l'actuelle majorité a été mis en évidence par la lettre du président de la République à Bruno-Pascal Chevalier. Nicolas Sarkozy y affirmait que «les franchises pourraient être prises en charge par des mutuelles, alors que, accuse Act up, il a tout fait pour les en décourager».
En effet, en instaurant le dispositif, le gouvernement a voulu dissuader les assureurs complémentaires de rembourser les franchises, en prévoyant qu'ils ne bénéficieraient pas, le cas échéant, des avantages fiscaux auxquels ils peuvent avoir droit via les contrats responsables. Rembourser dans ces conditions «se traduirait par une augmentation d'au moins 10%, voire 15 à 20%, du coût de la complémentaire», à en croire Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité française (38 millions de personnes couvertes). Un calcul dont Bruno-Pascal Chevalier s'est empressé d'informer Nicolas Sarkozy dans une « lettre ouverte », demandant au président s'il était «mal informé» sur ce point.
Deux pétitions contre les franchises ont recueilli près de 300 000 signatures au total, selon des organisations à l'origine de ces initiatives, la CGT-retraités et un Collectif national contre les franchises réunissant professionnels de la santé, partis, syndicats et associations.
Depuis le 1er janvier, les assurés sociaux doivent payer de leur poche 50 centimes par boîte de médicament et par acte paramédical, et 2 euros par transport sanitaire.
Ces franchises, plafonnées à 50 euros par an et par assuré social, s'ajoutent notamment au forfait de 1 euro sur chaque consultation ou acte médical déjà à la charge des assurés sociaux depuis 2004, dont le plafond est aussi de 50 euros par an.
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