Les ondes électromagnétiques – et notamment celles émises par les téléphones portables- sont-elles potentiellement dangereuses pour la santé ? Face à cette question récurrente, les conclusions de la nouvelles expertise de l’Anses -rendues publique ce matin- font un peu figure de réponse de gascon. D’un côté l’agence rassure estimant que les données actuelles de la littérature ne montre pas d’effets sanitaires avérés. Mais de l’autre, elle exhorte à la prudence et appelle à « limiter les expositions de la population aux radiofréquences, notamment pour les enfants et les utilisateurs intensifs de téléphones portables ». Tout en se refusant à proposer de nouvelles valeurs limites d’exposition...
Pas de risque sanitaires avéré …
Pour arriver à ces conclusions, l’Anses a passé au crible plus de 300 études scientifiques parues au niveau international depuis 2009, date du dernier état des lieux de l'Agence sanitaire sur ce sujet. L’ensemble des effets délétères potentiels des radiofréquences -cancérogènes ou non- ont été analysés. « Les conclusions de l’évaluation des risques ne mettent pas en évidence d’effets sanitaires avérés, » résume Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques à l'Anses.
… mais un doute sur les tumeurs cérébrales
Néanmoins « certaines publications évoquent une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale (gliome et neurinome du nerf vestibulo-acoustique,), sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphones portables » tempère l’Anses. Elle rejoint sur ce plan le point de vue du Circ qui avait classé en 2011 les radiofréquences comme « cancérogène possible » pour les utilisateurs intensifs des téléphones mobiles, tout en précisant que le lien de causalité reste à démontrer.
Par ailleurs l’expertise fait apparaitre, avec des niveaux de preuve limités, différents effets biologiques chez l’Homme ou chez l’animal dont certains avaient déjà été rapportés en 2009. Ceux-ci peuvent concerner le sommeil, la fertilité mâle ou encore les performances cognitives. Mais l'agence indique là encore ne pas avoir pu "établir un lien de causalité entre les effets biologiques décrits sur l'homme ou l'animal et d'éventuels effets sanitaires". Et rappelle que l’observation d’un effet biologique, a fortiori en conditions expérimentales, ne signifie pas forcément qu’il entraîne un dommage et encore moins qu’il se traduise par un effet sur la santé.
Pas de nouvelles valeurs seuils
Compte tenu de ces éléments, « il n’apparaît pas fondé, sur une base sanitaire, de proposer de nouvelles valeurs limites d’exposition pour la population générale » estime l’Anses. Pour autant, l’Agence se préoccupe du déploiement toujours plus large des technologies sans fil, et craint notamment une augmentation de l’exposition aux ondes électromagnétiques avec l'arrivée de la 4G.
L’expertise rappelle que "les téléphones mobiles constituent la principale source d'exposition pour les utilisateurs". Quant aux antennes, "si des travaux récents montrent une exposition globale faible", il existe des zones d'exposition "notablement plus importantes (...) qui pourraient être technologiquement réduites".
Réduire l’exposition des enfants
Dans ce contexte, l'agence fait plusieurs recommandations: pour limiter les expositions aux radiofréquences, notamment des populations les plus vulnérables. Elle préconise notamment de recourir au kit main-libre en particulier pour utilisateurs intensifs, et de privilégier l’acquisition de téléphones affichant les DAS (Débit d’absorption spécifique) les plus faibles. « Nous préconisons aussi de réduire l’exposition des enfants en incitant à un usage modéré du téléphone mobile » insiste Dominique Gombert.
En parallèle, afin de lever les différentes incertitudes qu’elle a identifiées lors de ce travail, l’Agence formule également une série de recommandations de recherche.
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