Décision Santé. Comment l’innovation thérapeutique influence-t-elle l’organisation des établissements privés ?
Bernard Couderc. Avec l’avènement des thérapies ciblées, nous devons repenser la prise en charge globale de nos patients. Ces nouveaux traitements s’administrent dans un certain nombre de cas par voie sous-cutanée ou per os. Ce qui remet en cause l’hospitalisation à temps complet justifiée seulement dans les pathologies lourdes comme en hématologie ou dans les soins palliatifs.
Dans le même temps, l’hospitalisation à domicile, la prise en charge ambulatoire se développent grâce à l’essor des réseaux. Ces changements exercent un impact majeur sur l’organisation des établissements et produisent un vrai changement.
D. S. La participation des établissements privés à des essais cliniques est encore insuffisante.
B. C. Nous sommes loin d’atteindre les objectifs fixés dans ce domaine par le plan cancer. Des progrès toutefois doivent être notés. L’Inca a organisé des appels d’offres. Et a mis à disposition des attachés de recherche clinique. Ce qui est d’une grande aide en matière de logistique.
Par ailleurs, il faut le reconnaître. Ce n’est pas dans la culture de l’hospitalisation privée de réaliser des essais cliniques. Nos équipes sont confrontées à de nombreux obstacles. Lorsque les patients optent pour nos établissements, c’est parfois guidé par le refus d’être enrôlés dans des protocoles. Les médecins ne sont pas dans une logique de publication. Enfin, l’industrie pharmaceutique a longtemps « oublié » les cliniques pour mettre en œuvre des études. Mais la situation est en train de se modifier en profondeur grâce notamment à l’action des réseaux spécialisés en cancérologie. Des essais sont réalisés non plus seulement dans les Chu mais aussi dans les hôpitaux généraux et les cliniques.
D. S. Quels sont les principaux problèmes ?
B. C. Il y a des retards inexplicables. Les centres de radiothérapie privés n’ont toujours pas le statut d’établissement. Ce qui leur interdit l’accès au MIG ou aux subventions délivrées dans le cadre d’Hôpital 2012 par exemple.
Les oncologues médicaux constituent une profession sinistrée. Outre le problème démographique, ils sont rémunérés en référence à la cotation d’actes infirmiers. La lourdeur d’une consultation de ce type n’est pas prise en compte dans la tarification actuelle. On peut également évoquer la menace qui pèse sur les anatomo-pathologistes soumis à une cotation obsolète.
Nous sommes enfin confrontés au coût du médicament lorsqu’ils sont retirés de la liste en sus. Ce qui s’est récemment produit pour la classe des taxanes par exemple. Il y a urgence à avancer sur ces dossiers.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature