JUSQU'ICI, les effets positifs des acides gras oméga 3 sur le trouble du rythme cardiaque n'ont pas été documentés directement, bien qu'un faisceau d'éléments émanant d'un ensemble d'observations plaide en cette faveur. Le plus important étant que les oméga 3 diminuent les décès cardio-vasculaires et le risque de mort subite.
Reiner Schrepf et coll. ajoutent à cela les résultats préliminaires qu'ils ont obtenus chez une dizaine de patients à haut risque de mort subite cardiaque. Lors des tests électrophysiologiques, ces sujets avaient présenté des épisodes de tachycardie ventriculaire qui avaient indiqué la pose d'un défibrillateur implantable. Neuf d'entre eux étaient des hommes souffrant de maladie coronaire, avec un antécédent de tachycardie et/ou de fibrillation ventriculaire. Sept sur dix présentaient, aux tests électrophysiologiques, une tachycardie ventriculaire inductible monomorphe soutenue.
On a perfusé chez tous ces patients une solution contenant 3,8 g d'acides gras polyinsaturés n-3 (oméga 3). Avec comme résultat de rendre cinq de ces sept patients non inductibles.
La période réfractaire ventriculaire.
De plus, comme on l'observe pour de nombreux antiarythmiques, la perfusion contenant les huiles de poisson a pour effet de prolonger la période réfractaire ventriculaire. Ce qui représente une mesure de l'excitabilité myocardique.
En l'absence d'un groupe sous placebo, il n'est pas possible d'exclure un élément de hasard qui expliquerait ces résultats dans ce petit échantillon de malades, observe Christine Albert (Boston), dans un éditorial.
Quoi qu'il en soit, il est important de remarquer que ces résultats, tout préliminaires qu'ils soient, ne démontrent pas d'effet proarythmogène.
Quelles sont les implications ? Les acides gras oméga 3 pourraient constituer une alternative intéressante aux antiarythmiques traditionnels, notamment dans le domaine de la toxicité. Avec les antiarythmiques traditionnels donnés en aigu, la suppression de la tachycardie ventriculaire pendant les tests électrophysiologiques ne se traduit pas directement en un bénéfice de survie, comme lorsque le même produit est donné en chronique. Cela reste aussi à démontrer pour les oméga 3.
Ainsi, l'hypothèse creusée depuis les années quatre-vingt - et selon laquelle la consommation des acides gras à longue chaîne polyinsaturés n-3 trouvés dans les poissons gras, et en particulier les acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque, diminue le risque de décès par maladie coronaire - se trouve encore un peu plus confortée.
Il reste maintenant à confirmer ces données préliminaires. D'ailleurs, trois études randomisées sont en cours et en passe d'être terminées.
« The Lancet », vol. 363, 1er mai 2004, pp. 1441-1442 et commentaire pp. 1412-1413.
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