DAISY chez des enfants à risque

Les oméga 3 réduisent le risque de diabète de type 1

Publié le 27/09/2007
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POUR TENTER de réduire le risque de survenue d'un diabète de type 1, l'équipe américaine de Jill M. Norris (Denver, Colorado) n'est pas allée jusqu'à faire ingurgiter de l'huile de foie de morue à des enfants. Ces médecins se sont contentés d'évaluer, au sein d'une cohorte de bambins, les apports en acides gras oméga 3 et oméga 6, dont cette huile peu appétissante est riche.

Ils ont fondé leur enquête sur les données d'une étude rétrospective plus ancienne qui montrait un moindre risque de diabète de type 1 chez ceux qui avaient été supplémentés en huile de foie de morue dans l'enfance. L'objectif de leur travail, publié dans le « Jama » était de confirmer cette donnée en évaluant l'apparition d'une auto-immunité dirigée contre les îlots.

Génotype HLA ou famille à risque.

L'étude nommée DAISY (Diabetes AutoImmunity Study in the Young) a été mise en place à Denver entre janvier 1994 et novembre 2006. Elle a été conduite sur le mode longitudinal et observationnel auprès de 1 770 enfants considérés à risque élevé de diabète de type 1. Cette susceptibilité était jugée sur l'existence d'un génotype HLA à risque élevé de diabète ou d'un membre de la famille (un parent, un frère ou une soeur) diabétique de type 1. L'âge moyen des enfants à la fin du suivi était de 6,2 ans.

Chez ces 1 770 enfants, le risque d'auto-immunité dirigée contre les îlots était l'objectif du travail. Il était évalué sur l'existence d'autoanticorps dirigés contre l'insuline, l'acide glutamique décarboxylase ou l'antigène associé à l'insulinome-2, ou bien encore sur l'apparition d'un diabète de type 1. Ces anticorps devaient être mis en évidence à deux consultations successives et être retrouvés à la dernière consultation de suivi (à moins qu'un diabète ne se soit déclaré). Parallèlement, une enquête alimentaire s'intéressait aux apports en acides gras polyinsaturés dès l'âge de 1 an.

Simultanément, une seconde étude de cohorte était mise en place. Elle portait sur 244 enfants. Chez eux, le risque d'auto-immunité dirigé contre les îlots de Langerhans était jugé sur la concentration en acides gras polyinsaturés des membranes érythrocytaires.

Plus la consommation augmente plus le risque recule.

Dans le premier groupe de 1 770, des autoanticorps dirigés contre les îlots sont apparus chez 55 enfants. Après ajustement, selon le génotype HLA, les antécédents familiaux de diabète de type 1, les apports caloriques ainsi qu'en acide gras oméga 6, il apparaît un lien entre la consommation d'oméga 3 et l'apparition de cette auto-immunité. La relation entre les deux événements est inverse : plus la consommation augmente plus le risque recule (risque relatif : 0,45, IC 95 % 0,21-0,96 ; p = 0,04). Cette association se trouve renforcée quand la définition de l'objectif final de l'étude se limite à la présence de deux auto-anticorps ou plus (risque relatif : 0,23, IC 95 % 0,09-0,58 ; p = 0,002).

Des données du même ordre sont retrouvées dans la petite étude de cohorte. Le taux d'acides gras oméga 3 contenu dans les membranes érythrocytaires était également inversement associé au risque d'auto-immunité (RR :0,63, IC 95 % 0,41-0,96 ; p = 0,03).

Les apports en acides gras oméga 3 reculent effectivement le risque de survenue d'auto-immunité dirigée contre les îlots chez les enfants à risque de diabète de type 1. Mais les auteurs ne vont pas jusqu'à conseiller de leur faire ingurgiter de l'huile de foie de morue.

Jill Norris et coll. « Jama », 26 septembre 2007, vol. 298, pp. 1420-1428.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8225