Faute de « moyens suffisants », et pour des « raisons politiciennes », les décrets qui réorganisent depuis 1998 la prise en charge des femmes enceintes et des nouveau-nés ne sont « pas appliqués ». Cette accusation, ce sont les Cercles des gynécologues obstétriciens qui la portent, à la veille de la douzième Journée nationale de leur fédération.
« Au nom de la qualité et de la sécurité, nous supplions nos tutelles de mettre en pratique ces textes qui sont sortis depuis maintenant trois ans », explique le Dr Georges Robinet, qui préside la fédération. Le plan périnatalité organise en trois niveaux la prise en charge des grossesses et des accouchements. Pour chacun des trois barreaux de cette échelle de soins, il définit l'équipement et le personnel qualifié indispensables à la bonne marche des établissements, c'est-à-dire des normes minimales de fonctionnement. Aux maternités enregistrant moins de 300 naissances par an, il demande soit de disparaître, soit de se transformer en centres de proximité, c'est-à-dire en structures assurant le suivi des grossesses mais ne procédant plus aux accouchements.
Or que se passe-t-il, selon les obstétriciens des hôpitaux généraux ? Sous la pression des élus locaux, certaines très petites maternités se maintiennent. Hors la loi, elles continuent de fonctionner et accaparent parfois des praticiens qui seraient plus utiles ailleurs. Provocateur, montrant du doigt la « schizophrénie des politiques », le Dr Robinet cite l'exemple de la maternité de Moûtiers, en Savoie, qui réalise moins de 200 accouchements par an mais que défend bec et ongles le député (RPR) d'Albertville, Hervé Gaymard, coordonnateur du plan Juppé en tant que secrétaire d'Etat à la Santé en 1996.
Second frein à la mise en œuvre des décrets périnatalité : l'insuffisance des moyens. La pénurie d'obstétriciens qui pose de graves problèmes ici ou là - une maternité vendéenne enregistrant 800 accouchements annuels devrait bientôt se retrouver sans praticiens hospitaliers (PH) - est aggravée localement par une mauvaise répartition des effectifs sur le territoire. Tout en demandant aux pouvoirs publics de « motiver » les troupes et de rendre plus « attractives » les conditions de travail des gynécologues-obstétriciens, Georges Robinet insiste : « Commençons par mettre les accoucheurs là où il y a du travail. Car il y a actuellement des maternités qui disposent de quatre PH pour réaliser 400 accouchements tandis que d'autres n'en ont que deux ou trois pour faire 800 accouchements par an. »
Les cercles dénoncent également les conséquences de la disparition de plusieurs maternités privées. « Quand des cliniques ferment brutalement leurs portes, il en résulte pour nous une surcharge de travail invraisemblable que nous devons assumer sans effectifs supplémentaires », se plaint la fédération.
Tous ensemble, les gynécologues-obstétriciens de centres hospitaliers, répartis dans 350 services, réalisent 300 000 accouchements par an. Leur fédération nationale se réunit demain à Deauville, sous la présidence d'honneur du ministre délégué à la Santé Bernard Kouchner. Au programme de cette journée de réflexion : la nouvelle loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), la pratique de l'échographie en obstétrique après l'arrêt Perruche, les nouvelles techniques de l'information et l'évaluation médicale. Le repos de sécurité après une garde sur place, qui vient d'être inscrit dans la réglementation (« le Quotidien » du 19 septembre), sera certainement aussi à l'ordre du jour. Les obstétriciens ont déjà noté une « aberration » dans le dispositif prévu : alors que le plan périnatalité prévoit que la garde sur place est obligatoire dans les maternités enregistrant 1 500 accouchements et plus par an, le repos de sécurité n'est prévu que pour les services d'obstétrique réalisant au moins 2 000 accouchements.
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