LA FREQUENCE DU SYNDROME METABOLIQUE augmente en raison des changements des modes de vie qui engendrent sédentarité et prise de poids, du tabagisme et du vieillissement de la population. Il doit être évoqué devant une anomalie de la tolérance glucidique, associée à deux autres paramètres : obésité androïde (tour de taille > 94 cm chez l'homme ; à 80 cm chez la femme), HTA > 140/90mmHg, dyslipidémie (HDL abaissé, hypertriglycéridémie). Comme le souligne le Dr Marie-Aline Charles (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), « l'association de ces différentes anomalies indique une augmentation du risque d'accident cardio-vasculaire à moyen terme ainsi que celui de développer un diabète de type 2 (risque multiplié par 10). Ce qui justifie d'envisager un traitement beaucoup plus précocement que lors d'une anomalie isolée, avec notamment des mesures hygièno-diététiques qui s'avèrent efficaces lorsque les différentes anomalies sont encore à des seuils modestes ».
Réduire la graisse viscérale.
Chez ces patients en surpoids, l'objectif est de réduire la proportion de graisse viscérale par rapport à la masse grasse totale, sachant qu'une réduction pondérale de 10 % du poids total correspond à une perte d'environ 30 % d'adiposité viscérale et s'accompagne d'une nette amélioration des anomalies métaboliques. Des mesures diététiques réalisables dans le quotidien et sur le long terme visent à réduire les apports caloriques d'environ 30 % par rapport à la ration calorique initiale, en limitant notamment l'apport en matières grasses saturées (d'origine animale) et en augmentant les apports en fibres (légumes, fruits, légumineuses).
« L'activité physique est une composante tout aussi importante que la diététique, remarque le Pr Gérard Slama (Hôtel-Dieu, Paris), car elle a prouvé son efficacité dans la prise en charge du syndrome métabolique. » Elle a l'intérêt d'augmenter la pénétration et l'utilisation du glucose au niveau du muscle, facilitant la perte de la graisse viscérale au profit de la masse musculaire, avec des effets bénéfiques sur les chiffres tensionnels et sur la dyslipidémie.
Faut-il prescrire des médicaments ?
Le traitement du syndrome métabolique est justifié par l'existence d'une anomalie. Pour les dyslipidémies, les objectifs de l'Afssaps mettent en première ligne la normalisation du LDL cholestérol pour la prévention primaire et secondaire du risque cardio-vasculaire. Une hypertriglycéridémie ou un HDL bas doivent amener à renforcer les mesures diététiques, arrêt de l'alcool et du tabac, activité physique avec une intervention médicamenteuse (statines ou fibrates) en cas de triglycérides > à 2 g/l et de HDL bas (< 0,40 g/l). La prise en charge de l'HTA n'est pas spécifique au syndrome métabolique et repose sur la diététique et l'activité physique qui améliorent les chiffres tensionnels. « Si le patient est déjà sous bithérapie, observe le Dr Hélène Mosnier-Pudar (hôpital Cochin, Paris), les apports en sel ne doivent pas excéder 6 g/j (pas de sel à table, pas de produits de salaison ni de conserves, pas plus d'une part de fromage). Enfin, il est préférable de choisir des produits qui améliorent l'insulinosensibilité (IEC, sartans) et qui baissent le tonus sympathique (impliqué dans la physiopathologie du syndrome métabolique). »
Selon les recommandations, un traitement antidiabétique oral n'est indiqué que dans le cas d'un diabète de type 2. Néanmoins, la tendance actuelle est de penser que le syndrome métabolique conduit de façon indépendante à la macroangiopathie et lors de la survenue d'un diabète de type 2, l'hyperglycémie agirait comme un amplificateur de ce risque vasculaire. Aussi se pose la question d'un traitement à un stade précoce, avant l'apparition d'un diabète de type 2 et surtout des vasculopathies. En pratique, l'idéal est de disposer d'une molécule qui puisse agir à la fois sur l'insulinorésistance et, par ce biais, sur la vasculopathie. A cet égard, les résultats de la grande étude anglaise KPDS ont montré que la metformine (Glucophage) a des effets vasculoprotecteurs indépendants de son action anti-hyperglycémique, avec un bénéfice additionnel de l'ordre de 40 % sur la macroangiopathie et sur la mortalité par accident cardio-vasculaire, ce qui va dans le sens d'une action protectrice de l'infarctus du myocarde.
Journée d'Amphis en endocrinologie-métabolisme sur le « Syndrome métabolique », présidée par le Pr Gérard Slama, Hôtel-Dieu Paris et parrainée par les Laboratoires Merck Lipha Santé.
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