POUR LA DERNIÈRE fois depuis sa création, le Comité technique des vaccinations, groupe de travail permanent de la section des maladies transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de France (Cshpf), a eu la charge de l'élaboration du calendrier vaccinal 2005. En effet, selon la loi du 9 août 2004 sur la santé publique, la politique vaccinale sera dorénavant « élaborée par le ministre chargé de la Santé, qui fixe les conditions d'immunisation, énonce les recommandations nécessaires et rend public le calendrier des vaccinations après avis du Haut Conseil de santé publique ». Instauré par la même loi, le Haut Conseil est une instance unique d'expertise issu de la fusion du Cshpf et du Haut Comité de la santé publique et qui a pour mission de coordonner l'action des différents départements ministériels et de contribuer à l'élaboration de la politique du gouvernement dans le domaine de la prévention.
Le « BEH » n° 29-30/2005* publie l'avis du Cshpf sur le calendrier vaccinal 2005.
Les nouvelles recommandations introduites concernent la rougeole, les oreillons et la rubéole, mais aussi la diphtérie et la rage. Le calendrier 2005 n'a pas modifié les stratégies de primovaccination par le BCG ou de vaccination des nourrissons contre le pneumocoque pour lesquels les réflexions engagées vont se poursuivre.
Rougeole, oreillons, rubéole.
La stratégie vaccinale contre la rougeole, les oreillons et la rubéole s'inscrit dans le cadre du programme d'élimination de la rougeole et de la rubéole mis en place par l'OMS.
En France, l'augmentation progressive de la couverture vaccinale, depuis l'introduction de la vaccination de tous les nourrissons en 1983, s'est accompagnée d'une forte diminution de l'incidence de la rougeole et, par conséquent, d'une diminution de la probabilité de rencontrer le virus sauvage. Les taux de couverture plafonnant à 85 %, la situation actuelle se caractérise par une élévation du risque d'épidémies, avec un nombre croissant d'adolescents et de jeunes adultes non immunisés qui n'ont ni rencontré le virus sauvage ni été vaccinés.
Les recommandations visent principalement à augmenter la couverture vaccinale des enfants avant l'âge de 2 ans, qui doit atteindre au moins 95 %, à administrer la seconde dose plus tôt et à vacciner les sujets réceptifs (adolescents et jeunes adultes).
Les experts recommandent que la première dose de vaccin trivalent soit réalisée à 12 mois et non plus à partir de 12 mois. La deuxième dose doit être administrée entre 13 et 24 mois, en respectant un intervalle d'au moins un mois entre deux injections. Les enfants peuvent être vaccinés dès l'âge de 9 mois (recommandé en cas d'entrée en collectivité) avec une deuxième dose entre 12 et 15 mois. « Tous les enfants âgés de 24 mois devraient avoir reçu deux doses du vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole », soulignent les experts. Pour les plus de 2 ans (de 24 mois à 13 ans en 2005) qui n'ont pas été vaccinés, deux doses du vaccin trivalent sont recommandées. Pour ceux âgés de 14 à 25 ans en 2005 (nés entre 1980 et 1991) non vaccinés, une seule dose de vaccin trivalent est recommandée. Il convient alors de s'assurer de l'absence de grossesse débutante et d'éviter toute grossesse dans les deux mois suivant la vaccination.
La prévention de la rubéole congénitale fait l'objet de recommandations particulières. Chez les femmes nées avant 1980 (plus de 25 ans) qui n'ont pas bénéficié de la vaccination contre la rubéole, celle-ci doit être réalisée lors des consultations de contraception ou prénuptiale. La sérologie préalable et postvaccinale n'est pas nécessaire. De même, pour les femmes enceintes qui ont une sérologie prénatale négative ou inconnue, la vaccination devra être pratiquée immédiatement après l'accouchement, de préférence avant la sortie de la maternité et éventuellement par les sages-femmes.
Le rappel diphtérie étendu.
La vaccination contre la diphtérie, comme celle contre la rage, fait partie des vaccinations particulières. Un avis du 18 mars 2005 du Cshpf constate entre autres observations, que le niveau immunitaire des adultes français vis-à-vis de la diphtérie n'est pas optimal, alors que la France n'est pas à l'abri de souches importées de Corynebacterium diphteriae producteur de toxines (deux cas en trois ans) et que des souches de C. ulcerans sont susceptibles de provoquer des maladies sévères (deux cas en un an). Ces constations ont conduit les experts à recommander que le rappel tous les dix ans (avec la composante « d » diphtérie à dose réduite d'anatoxine diphtérique) soit étendu à tous les adultes à l'occasion du rappel tétanos Polio.
Exposition au lyssavirus.
La vaccination contre la rage n'est, elle, recommandée que pour les personnes régulièrement exposées au virus de la rage des chauves-souris ( lyssavirus) en France métropolitaine. L'espèce étant protégée en France, seules les spécialistes (chiroptérologues) sont autorisés à manipuler les chauves-souris. Il faut rappeler à la population générale l'interdiction absolue de les manipuler, à des fins de démonstration, d'élevage ou autres.
Outre les nouvelles recommandations et l'ensemble des vaccinations du calendrier vaccinal, l'avis du Cshp rappelle les vaccins obligatoires pour les professionnels de santé et ceux qui sont recommandés, en fonction de l'activité.
En annexe du « BEH », l'avis du 14 septembre 2004 sur la vaccination contre l'hépatite B qui recommande le maintien de la stratégie vaccinale chez le nourrissons et les préadolescents.
* Consultable sur le site de l'InVS, www.invs.sante.fr.
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