EN L'ABSENCE de données définitives sur le risque de la vaccination, les experts recommandaient fortement la vaccination des nourrissons, c'est-à-dire à un âge où il y a le moins de risque d'effets secondaires neurologiques. Ainsi qu'un rattrapage de la vaccination des enfants et des préadolescents.
Le rapport souligne la nécessité de vacciner le nouveau-né de mère séropositive pour le VHB et rappelle l'obligation du dépistage de l'antigène HBs chez les femmes enceintes. Ensuite, chez les adultes exposés à un risque : personnes usant de drogue intraveineuse, ou ayant des partenaires sexuels multiples, ou en contact avec un sujet ayant l'AgHBs, ou infectés par le VIH, le VHC, ou hémodialysés chroniques, ou transfusés multiples, « le bénéfice de la vaccination paraît rester supérieur au risque » et il convient en pratique de « tenir compte du bénéfice collectif pour le groupe considéré et du bénéfice individuel pour chaque sujet ».
Evalués pour chaque groupe à risque.
Des programmes de vaccination spécifiques doivent être envisagés et évalués pour chaque groupe à risque. La commission considère en outre qu'il n'y a pas de bénéfices suffisants pour justifier la promotion de la vaccination chez les adultes qui ne font pas partie de l'un des groupes à risque.
Par ailleurs, « une attention particulière doit être portée à l'évaluation de son bénéfice chez les personnes issues de familles dans lesquelles des cas de SEP sont avérés, étant donné la susceptibilité familiale connue à la SEP ».
La polémique sur les risques éventuels du vaccin contre le VHB a rebondi en France le 14 septembre, lors de la publication dans « Neurology » (2004 ; 63 : 838-842) de l'étude de Miguel Hernan et coll. (Harvard, Royaume-Uni). Elle était la première à retrouver une association significative entre le vaccin contre l'hépatite B et la survenue d'une SEP. C'est pour faire le point sur l'ensemble des données dont on dispose aujourd'hui que l'audition publique d'experts a été organisée.
Lors de cette audition, une attention particulière a été portée sur :
- L'étude de Miguel Hernan et coll. montrant chez les adultes de 18 ans et plus une association significative (odds ratio de 3,1) entre le vaccin et la maladie démyélinisante, lorsque le vaccin a été réalisé dans les trois ans précédant les premiers symptômes de SEP, mais non significative (OR de 1,8) pour une fenêtre d'observation limitée à douze mois. « Ce dernier résultat est proche de ceux de la majorité des autres études de méthodologie comparable », ont remarqué les experts. On se souvient que dans 48 % des cas, la SEP est apparue dans les trois mois suivant le vaccin.
- La cohorte française Kidmus de suivi des enfants de moins de 16 ans ayant présenté un premier épisode de démyélinisation centrale pouvant évoquer un début de SEP. Le statut vaccinal des enfants est en cours de validation. Des analyses préliminaires non encore publiées ont été présentées lors de l'audition publique. Elles ne permettent pas de conclure à un lien entre le vaccin et la maladie neurologique chez le nourrisson, l'enfant ou le préadolescent
Réévaluer régulièrement.
Pour en savoir plus, les experts jugent « indispensable » d'obtenir « régulièrement des données récentes » sur le nombre des cas d'hépatite B et de sclérose en plaques ou d'autres affections démyélinisantes centrales « pour réévaluer régulièrement la balance bénéfice/risque de la vaccination ». La commission attire l'attention « sur l'insuffisance des dispositifs et des infrastructures de surveillance et de recherche dans le domaine de la pharmaco-épidémiologie en France ».
Les hypothèses immunopathologiques pour expliquer les maladies démyélinisantes centrales n'ont pas évolué et, pas plus qu'en 2003, elles ne permettent de conforter la plausibilité biologique d'un lien causal entre le vaccin et la maladie.
« Il est de nouveau recommandé de faire des recherches spécifiques prenant en compte toutes les composantes du vaccin contre le VHB et leur diversité (concentration et origines de la protéine virale, association à d'autres valences, etc) . »
Le rapport « Vaccination contre le virus de l'hépatite B et sclérose en plaques : état des lieux » est disponible sur les sites anaes.fr, inserm.fr et afssaps.sante.fr.
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