En ce qui concerne les traitements médicamenteux de la crise, de nombreux travaux ont confirmé l'efficacité des triptans. En particulier, l'intérêt de l'administration par voie nasale chez les adolescents a été souligné. En outre, ces molécules semblent dénuées de toxicité foetale et en cas d'administration aux doses habituelles chez une femme en période d'allaitement. Cependant, ces notions ne doivent pas conduire à modifier les habitudes de prescription : leur utilisation pendant la grossesse et l'allaitement restent déconseillée. Toutefois, une prescription par inadvertance chez une femme enceinte semble de peu de risque.
De nouvelles pistes thérapeutiques semblent s'ouvrir avec des travaux portant sur les récepteurs du Calcitonin-Gene Related Peptide (CGRP). Le BIB-N4096BS, en particulier, est un antagoniste de ces récepteurs. L'efficacité clinique de cette molécule en développement a été démontrée dans une étude. Son mécanisme d'action est très différent de celui des triptans. Si ces résultats sont confirmés, cela pourrait signifier l'apparition d'une nouvelle classe thérapeutique.
Les possibilités du traitement de fond
En ce qui concerne le traitement de fond de la migraine, trois possibilités méritent d'être soulignées. La première concerne les antiépileptiques antimigraineux. Ces molécules trouvent leur indication en cas de crises de migraine fréquentes et handicapantes, lorsqu'elles résistent aux traitements préventifs habituels. Pour certaines molécules, les études cliniques ont confirmé leur efficacité et leur assez bonne tolérance. Pour d'autres produits, les travaux sont encore très préliminaires. L'emploi de la toxine botulinique a également été abordé. Cette modalité thérapeutique a été utilisée en cas de céphalées de tension ou de migraine, mais les travaux présentés doivent, là encore, être confirmés. Enfin, depuis les études princeps de A. May et coll. publiées dans le « Lancet » en 1998, la stimulation neurochirurgicale peut être proposée dans les algies vasculaires de la face rebelles aux traitements médicamenteux. Ces auteurs avaient pu montrer l'existence d'un « cluster headache generator », une zone située dans l'hypothalamus au niveau du noyau inféropostérieur ipsilatéral à la douleur, qui semble constituer le foyer de départ de la crise. Les résultats de cette technique semblent prometteurs, y compris dans les rares cas d'algie bilatérale. Une vingtaine de patients dans le monde ont été ainsi traités par des équipes très spécialisées.
Enfin, le coût socio-économique de la migraine a été évalué par l'étude GRIM 2 (groupe de recherche interdisciplinaire sur la migraine). Cette enquête a porté sur une population générale de 10 585 patients, dont 880 migraineux. Les coûts médicaux directs de la migraine sont de 1 044 millions d'euros pour une année, dont seulement 294 millions d'euros correspondent aux médicaments.
D'après un entretien avec le Pr André Pradalier, hôpital Louis-Mourier, Colombes.
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