Le « binge drinking » est une consommation massive de boissons alcoolisées sur une courte période de temps. Soit cinq verres chez un homme et quatre verres chez une femme en une seule occasion. Ce type de comportement d'alcoolisation massive est différent de la dipsomanie car il se fait dans un contexte festif alors que la dipsomanie est un besoin irrépressible de boire. « La dimension de recherche d’ivresse est pertinente à rechercher » indique le Dr Nathalie Besnier (Hôpital Sainte Marguerite, Marseille). Le binge drinking concerne 15 à 30 % des jeunes de 15-16 ans selon l’enquête ESPAD (European School Survey on Alcohol and other Drugs) menée dans 35 pays européens entre 1993 et 2003. Malgré les campagnes de prévention, il reste très prévalent en Europe. En Angleterre et en Danemark, il a reculé entre 1999 et 2003 à la différence des pays baltes et des pays de l’Est où ce phénomène explose. « La France est relativement épargnée » nuance la spécialiste. Elle souligne l’influence des facteurs environnementaux comme la norme comportementale édictée par les pairs et la réduction du contrôle familial au moment de l’adolescence. Il s’y associe la publicité, la commercialisation des pré-mix ciblée sur cette tranche d’âge et l’influence des media. Le problème est la vulnérabilité biologique liée à la maturation du cerveau à cette période de la vie. « Il existe un décalage entre la motivation et la composante inhibitrice » ajoute le Dr Besnier. Impliqué dans l’inhibition, le cortex préfrontal n’est pas mature alors que le noyau accumbens et l’amygdale sont à l’œuvre dans la recherche de nouvelles sensations, la prise de risque et l’impulsivité.
risque de dépendance
Les conséquences aiguës peuvent être dramatiques avec des conduites à risques, des violences, des accidents, une sexualité non protégée ou des agressions. Le syndrome de discontinuation ou plus simplement « gueule de bois » s’accompagne d’une baisse des performances scolaires, une altération de l’humeur avec anxiété et dysphorie, d’autant que les ados associent volontiers le cannabis à l’alcool. Les répétitions de cette alcoolisation massive exposent à une neurotoxicité cellulaire par les sevrages itératifs. Il peut alors apparaître des troubles dépressifs ou des idées suicidaires.
Une enquête longitudinale montre que le binge drinking a des répercussions chez le jeune adulte. Le risque relatif de dépendance à l’alcool est de 1,6, comme le manque de qualification ou l’absence de logement. Le risque d’abus de substance est de 1,7 alors que le risque de pathologie psychiatrique s’élève de 1,4. Les plus à risque sont les plus jeunes. « La précocité définit le plus grand facteur de risque de dépendance ultérieure » explique la spécialiste. Il faut aussi prendre en compte la polyconsommation, les ivresses répétées, les antécédents familiaux, les comorbidités psychiatriques, les troubles de la personnalité et la précarité environnementale.
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