DES NEUROBIOLOGISTES américains viennent de découvrir les « hangars » où sont entreposés les récepteurs des neurotransmetteurs utilisés au cours des phénomènes de mémorisation : les endosomes de recyclage. Ces mêmes réservoirs pourraient être des transporteurs plus généraux pour les molécules servant au remodelage neuronal au cours des connexions intersynaptiques. Michael Ehlers et Julie Kauer expliquent dans « Science » que leurs travaux permettront de mieux appréhender les mécanismes par lesquels les neurones établissent les voies de signalisation au cours du processus mnésique, mais aussi la dégénérescence due au vieillissement ou aux maladies.
Les chercheurs se sont intéressés aux récepteurs Ampa impliqués dans l'activation de la synapse. Lorsqu'ils augmentent à la surface du neurone, la cellule majore sa sensibilité au signal du neurotransmetteur, c'est la potentialisation à long terme.
S'il était connu que cette élévation du nombre de récepteurs est due à une exocytose, personne ne connaissait leur lieu de stockage.
Les endosomes étaient au nombre des candidats. Parce qu'ils se situent près des dendrites, expliquent les biologistes, et parce que les récepteurs Ampa y sont transportés par des structures endosomales. Ils ajoutent que ces récepteurs doivent être, eux-mêmes, régulés par l'activation de récepteurs Nmda, connus pour déclencher la potentialisation à long terme.
Par le biais de mutations induites sur du tissu cérébral de rats, les chercheurs ont pu étudier les endosomes de recyclage. Notamment en agissant sur les entrées et sorties des récepteurs. Ils ont pu constater que stimuler la potentialisation à long terme agit non seulement sur les récepteurs Ampa, mais aussi sur la croissance des épines dendritiques et sur l'architecture synaptique. Il pourrait donc exister un lien entre une dysfonction endosomale et les perturbations de la plasticité synaptique au cours du vieillissement, concluent les scientifiques.
« Science », 24 septembre 2004.
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