Livres
Marc Durin-Valois aime les récits âpres et durs. Après deux romans « africains » - le continent de son enfance -, « l'Empire des solitudes » et « Chamelle », il nous entraîne à Bougival, dans une unité de soins palliatifs.
Sous l'emprise de la fatigue et de la douleur, Alexandra, la malade que Jean-Christophe, le narrateur, doit assister, le rabroue tout d'abord ; mais fort de son expérience, il sait comment vaincre ses résistances ; comment aussi arracher des confidences aux proches qui viennent lui rendre visite. On entre ainsi peu à peu dans l'intimité de cette jeune femme mariée et mère de deux filles, et on découvre le secret de l'ami de la famille qui ne les quitte jamais.
Tous ces faits et les paroles prononcées, Jean-Christophe les note exactement dans des petits carnets. Mais ce qui l'intéresse surtout, ce qu'il appelle ses trésors, ce sont les interrogations, les mots de peur de ces grands malades proches de la mort.
Il n'agit pas ainsi seulement par voyeurisme : au-delà des secrets de famille dévoilés, il est en quête d'un mystère beaucoup plus grand, celui du passage de la vie à trépas. « Toute personne en fin de vie est porteuse de messages et de signes mystérieux, à elle seule adressés, qu'elle répercute sous forme de mots et de phrases au sens caché. Il suffit alors d'écouter. De tenter de décrypter pour comprendre. »
Avec Alexandra, qui est une passionnée, les « bons mots » ne manquent pas. D'autant que, puisque personne n'a osé lui dire qu'elle va mourir, elle se bat, elle se débat entre espoir et souffrance, ce qui lui confère une aura particulière. L'accompagnateur va alors s'opposer aux médecins pour qu'on lui laisse ses illusions.
Curieusement, ce récit passablement ambigu - la quête personnelle du narrateur ne se fait-elle pas aux dépens des patients ? et faut-il ou non laisser de l'espoir aux personnes condamnées ? - ne laisse pas de goût amer. Si Marc Durin-Valois nous conduit à regarder la mort en face et s'il laisse les questions sans réponse, c'est simplement pour nous amener à reconsidérer notre vie, la vie.
Editions JC Lattès, 158 p., 13 euros.
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