A LORS que la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, doit annoncer une nouvelle série de mesures pour maîtriser les dépenses de médicament, le mouvement mutualiste redoute que celles-ci se traduisent par des baisses de remboursement de l'assurance-maladie et donc par un transfert de charges de la Sécurité sociale vers les organismes maladie complémentaires.
La Fédération des mutuelles de France (FMF) a déjà fait part publiquement de ses inquiétudes à ce sujet. « Il y aurait un casus belli si la nécessaire réforme du médicament s'effectuait par un nouveau transfert de charges, quelle qu'en soit la forme, vers les assurés sociaux et les mutuelles. La Mutualité ne doit pas servir de variable d'ajustement pour résoudre ces problèmes », a ainsi prévenu Daniel Le Scornet, président de la FMF.
Favorable à la définition d'une nouvelle politique du médicament à laquelle le monde mutualiste doit être, selon elle, associé, la Fédération des mutuelles de France redoute que le gouvernement ait recours une nouvelle fois à des baisses de remboursement. Elle se dit aussi particulièrement hostile à une mesure, plusieurs fois évoquée, qui consisterait à ajuster le remboursement au tarif du produit le moins cher au sein de la même classe thérapeutique, sans pour autant que le prix des ventes des autres médicaments ne baisse. Une mesure qui accroîtrait de facto le ticket modérateur à la charge des assurés ou des mutuelles. « Nous sommes pour de vraies baisses de prix de l'ensemble d'une classe thérapeutique ; nous sommes également favorables au développement des génériques ou à la prescription en DCI, mais par pour des dispositions qui se feraient sur le dos des assurés », a expliqué Daniel Le Scornet.
Il n'a d'ailleurs pas exclu que tout le mouvement mutualiste organise « une action de très grande envergure si le danger se précisait ». D'ailleurs, la principale organisation mutualiste, la Fédération nationale de la Mutualité française devrait également s'exprimer sur ce sujet dès la semaine prochaine.
Le G7 trop corporatiste
Le président de la Fédération des mutuelles de France s'est également dit très attentif aux réflexions actuelles sur l'évolution de l'assurance-maladie menée au sein des deux groupes dits du G7 et du G14. Bien qu'elle souhaite paraître partie prenante à ces deux groupes de réflexions qu'elle appelle à « sortir du clivage qui, depuis le plan Juppé, traverse le plan social », la Fédération des mutuelles de France n'a pas caché qu'elle se retrouve davantage dans la démarche entreprise par le G14 (treize organisations réunies autour de la CFDT). « Il s'y développe des idées comme les cabinets multidisciplinaires ou le tripartisme conventionnel que nous défendons depuis trente ans », a tenu à rappeler Daniel Le Scornet. Le leader de la FMF est en revanche plus critique sur « la vision trop partielle et trop corporatiste » des propositions du G7. « Je ne pense pas que ce soit sur la consultation que se jouent les inégalités et que ce soit là qu'il faille porter l'effort financier », a poursuivi Daniel Le Scornet.
Enfin, les Mutuelles de France ont décidé de jeter « un pavé dans la mare » en lançant un appel et une pétition nationale en faveur de l'élection des membres du conseil d'administration des caisses de Sécurité sociale qui sont actuellement désignés. « Il faut redonner une base démocratique à la Sécurité sociale et une vraie légitimité », a insisté le président de la FMF qui souhaite que les conseils d'administration soient plus autonomes, et élargies à d'autres représentants des usagers, comme les mutuelles et les associations.
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