L'ACHAT d'établissements sanitaires par des mutuelles ne date pas d'hier. La nouveauté réside dans la stratégie de groupe qui a pris corps l'an passé.
La Mutualité française a fondé le GHMF (Groupe hospitalier de la Mutualité française) en 2007, espérant ainsi réduire ses charges et améliorer la qualité des soins en édictant ses propres standards. La Mutualité veut aussi, c'est son mot, «influencer» la politique hospitalière du pays.
Le GHMF regroupe actuellement 103 établissements de santé de statut PSPH et privé commercial. Pour peser, il lui faut grossir encore. Son ambition est de regrouper 300 établissements dans dix ans, le dixième du parc hospitalier national, réparti de façon à occuper tout le territoire français.
Mais où trouver l'argent ? La Mutualité annonce la création d'un fonds pour financer les acquisitions à venir. À moins de 100 millions d'euros, l'objectif affiché n'a aucune chance d'être atteint, explique Jean-Pierre Davant, le président du conseil de surveillance de la Mutualité. Un premier tour de table est en cours – ce sont les mutuelles qui mettent au pot. D'autres levées suivront. La Mutualité affirme être en contact avec des banques, des groupes financiers et la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
«Notre objectif, déclare Jean-Pierre Davant, n'est pas d'accumuler profits et excédents. Nous voulons nous développer pour appliquer une politique tarifaire accessible à tous, tournée vers la qualité des soins.» Les rachats à venir, ajoute-t-il, visent à «peser sur les dépassements d'honoraires de plus en plus mal ressentis par la population». Et qui coûtent de plus en plus cher aux mutuelles.
Des tarifs responsables et opposables.
«Je ne suis pas pour la paupérisation des professions de santé, poursuit le patron de la Mutualité. J'ai toujours considéré qu'un médecin doit être bien rémunéré. Mais il faut des tarifs responsables et opposables. Une personne qui entre dans un établissement doit savoir à quoi il s'engage financièrement.»
La Mutualité entend avec son réseau hospitalier développer ses propres filières de soins, ainsi qu'un modèle dont le reste de l'hospitalisation pourrait s'inspirer. Un modèle organisationnel, mais aussi financier, où les dépassements d'honoraires seraient encadrés par des contrats. Cinq établissements mutualistes pilotes s'apprêtent à proposer de nouveaux modes de rémunération à leurs médecins ; les négociations sont en cours. «Nos établissements réunissent des médecins libéraux et salariés, c'est intéressant de mener ce genre d'expérience avec eux pour dépasser des dualités ridicules», observe Jean-Jacques Monteil, président du directoire du groupe hospitalier de la Mutualité française.
Ces déclarations sur le nouveau positionnement de la Mutualité en tant qu'acteur hospitalier interviennent alors que le groupe de cliniques Vitalia s'apprête à changer de main. Jean-Pierre Davant souhaite tordre le cou aux rumeurs : «On n'a jamais été intéressés par le rachat de Vitalia. Nous ne sommes pas prêts pour pouvoir nous mettre en ligne et faire une offre.» Vitalia ne se vendra pas à moins de 1 milliard d'euros : la Mutualité n'a à l'évidence pas le chéquier en conséquence. Sauf à supposer que le groupe soit démantelé et vendu par paquets de cliniques, mais, aux dernières nouvelles, ce ne devrait pas être le cas. Le patron de Vitalia, Christian Le Dorze, indique que quatre candidats au rachat ont été sélectionnés. Une offre de vente est attendue pour la fin du mois.
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