LES CANCERS de la tête et du cou regroupent les cancers situés dans la bouche, le larynx, la gorge ou les sinus. Ils sont d'origine multifactorielle et sont associés au tabac, à l'alcool, ainsi qu'à l'infection par le papillomavirus humain (HPV).
La connaissance du statut du gène p53 dans la tumeur pourrait-elle être utile pour guider leur prise en charge ?
La mutation du gène p53 (ou TP53), se traduisant par une perte de fonction de la protéine suppresseur de tumeur p53, est l'une des plus fréquentes altérations moléculaires dans ces cancers, comme dans les autres d'ailleurs.
La protéine p53 (phosphoprotéine de 53kD) fonctionne comme un facteur de transcription contrôlant l'expression de nombreux gènes qui interviennent dans : la régulation du cycle cellulaire, la sénescence, l'apoptose, la réparation des dégâts d'ADN, l'angiogenèse et la régulation du stress oxydatif. Le statut de p53 pourrait donc avoir une valeur pronostique, mais cela restait incertain.
Ce point est éclairci grâce à une étude prospective multicentrique, ECOG/RTOG, conduite par le Dr Wayne Koch (université John Hopkins, Baltimore) et coll.
Cinq cent soixante patients atteints d'un cancer de la tête et du cou (récemment diagnostiqué ou récurrent) qui allaient subir un traitement chirurgical à visée curative ont été enrôlés entre 1996 et 2002, dans une étude prospective de sept ans.
Les mutations ont été classées en deux groupes : perturbatrices, c'est-à-dire situées dans le domaine de fixation d'ADN ou produisant un codon stop ; non perturbatrices.
Retrouvées dans 53 % des cas.
Le statut mutationnel de p53 a été comparé à l'évolution clinique. Les résultats confirment la fréquence des mutations p53 dans ce cancer. Elles sont retrouvées dans 53 % des cas.
La présence de n'importe quelle mutation p53, comparée à un gène p53 normal, est associée à une survie raccourcie (risque de décès accru de 40 %, ou risque relatif de décès de 1,4 ; IC 95 % : de 1,1 à 1,8).
L'association est encore plus forte pour les mutations perturbatrices (RR de décès de 1,7 ; IC 95 % : de 1,3 à 2,7), tandis que l'association n'est pas significative pour les mutations non perturbatrices (RR de 1,2 ; IC 95 % : de 0,9 à 1,7). En outre, une analyse multivariée montre qu'une mutation p53 perturbatrice est indépendamment associée à une survie raccourcie.
«Nos résultats indiquent que les mutations p53 pourraient offrir un facteur de stratification utile dans les études cliniques prospectives», notent les chercheurs. Il reste à savoir si ce marqueur pourra être utile pour guider le traitement.
Poeta et coll. « New Egland Journal of Medicine », 20 décembre 2007, p. 2552.
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