TRADITIONNELLEMENT, la femme fut l’une des causes de l’écriture d’un blues. Souvent parce qu’elle quittait son mari ou son petit ami. Puis vint le temps – notamment avec la chanteuse Bessie Smith – où la femme fut l’une des rares actrices du blues. Actuellement, quelques blueswomen tentent de s’imposer dans un style – il faut l’admettre – toujours très masculin.
La Canadienne Sue Foley fait partie de ces guitaristes-chanteuses de la nouvelle génération. A 38 ans, cette rousse flamboyante originaire d’Ottawa a acquis une authentique réputation dans le métier grâce à son séjour à Austin (Texas) pour le label Antone, où elle a fréquenté et tourné avec des bluesmen, comme Buddy Guy, Johnny Winter, Albert Collins, et des égéries du genre, comme Koko Taylor et Lou Ann Barton. Aujourd’hui, la jeune femme, devenue mère, vient de sortir un nouvel album, « New Used Car » (Ruf Records/Mosaic Distr.), de douze titres, qui comprend tous les ingrédients d’un blues rock direct, puissant et énergique, avec de très forts accents urbains. Du solide.
Le guitariste-chanteur James Blood Ulmer (1) n’est pas vraiment un musicien comme les autres. Possédant un jeu dont la palette va de Jimi Hendrix à Wes Montgomery, augmenté de forts accents funky, ce diable instrumentiste a été à l’origine du punk-jazz, puis a participé avec le jazzman avant-gardiste, précurseur du free jazz, Ornette Coleman à l’élaboration d’une forme de jazz harmolodique, avant de développer une esthétique musicale alliant free jazz, funk et punk, baptisée le free punk. Sans doute fatigué de toutes ses expériences, James Blood Ulmer est revenu en solo avec « Birthright » (Hyena/Night& Day) à un blues plus ancré dans une certaine tradition n’échappant cependant pas à des riffs de guitare et à une approche vocale parfois très « preacher », toujours d’une très grande originalité.
La Louisiane – et particulièrement La Nouvelle-Orléans – et le delta du Mississippi sont les sources du jazz, du funk et du blues, qui ont engendré, par la suite, d’autres musiques cousines. L’accordéoniste Clifton Chenier fut un des pionniers du zydeco, un style combinant musique cajun, folk song, blues et soul, particulièrement dansant. Son fils, C.J.Chenier, qui joue également de l’accordéon et chante, est maintenant l’héritier de ce métissage détonant. « The Desperate Kingdom of Love » (World Village/Harmonia Mundi), son dernier album, fleure bon ce côté rural et « roots », avec un brin de nonchalance si typiquement sudiste, grâce notamment à la reprise de plusieurs compositions de son défunt père.
Dans l’imaginaire des admirateurs des musiques afro-américaines, Memphis, dans le Tennessee, est une ville symbole. «Memphis, aux racines du rock et de la soul», de Florent Mazzoleni (Castor Music, 192 pages, 9 euros), est un ouvrage très condensé qui raconte l’étonnante histoire de cette cité, point de liaison entre le Nord et le Sud, de rencontre entre le blues et la country sur la mythique Beale Street, lieu de création du rock’n’roll, de la soul sudiste, du « Memphis Sound », ainsi que de labels phonographiques mythiques – Sun ou Stax – à l’origine de la carrière d’Elvis Presley, de Jerry Lee Lewis, d’Otis Redding ou de Sam & Dave, notamment. Avant de devenir une simple vitrine commerciale, actuellement… Un livre pour la grande histoire.
(1) Paris, New Morning (01.45.23.51.41), 10 juillet, avec le Punk-Funk All Stars ; Vence, 21 juillet ; Cognac, du 27 au 29 juillet.
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