LES HOMMES CHANGENT, mais les idées restent. Tel est le message qu'a fait passer en substance le nouveau bureau de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). L'équipe, fraîchement élue au conseil d'administration, démarre sur les chapeaux de roue ce mandat annuel. Le syndicat est invité aujourd'hui aux négociations conventionnelles au même titre que l'ensemble des associations de jeunes médecins ayant participé aux états généraux de l'organisation de la santé (EGOS). Les internes n'auront pas de pouvoir décisionnel dans cette négociation, mais ils veulent dire à quel système de santé ils aspirent. «Les mesures de régulation démographique devront peser sur tous les médecins et pas sur les seules dernières promotions de médecine générale, explique la nouvelle présidente de l'ISNAR-IMG, Bérengère Crochemore. Les internes diplômés ne sont de toute façon pas assez nombreux.» L'interne rouennaise se dit «assez favorable sur le principe» au contrat de santé publique qui obligerait tous les médecins installés en zones surdotées à participer à l'offre de soins des zones déficitaires. Les généralistes en formation se disent également ouverts à l'étude d'un contrat rémunéré à la performance.
Quatre ans, sinon rien.
Mais il est un domaine sur lequel les internes ne transigeront pas : celui de la formation. En pointe sur ce dossier, l'ISNAR-IMG plaide depuis plusieurs mois pour le passage de trois à quatre ans du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale. Le syndicat souhaite renforcer la formation en ambulatoire et faire en sorte que chaque interne effectue plus d'un ou deux stages au cabinet d'un omnipraticien. «Avec une réelle formation professionnalisante, nous rendrons la médecine générale plus attractive, et cela aura des effets sur la démographie médicale, assure la présidente de l'ISNAR-IMG. Mieux formés, les généralistes s'installeront plus vite, avant 39ans, la moyenne actuelle.» Pour redorer la formation dans la discipline, le syndicat pousse les pouvoirs publics à développer la filière universitaire de médecine générale. «Nous rencontrons les doyens et les directeurs de département de la discipline dans l'optique d'ouvrir des postes de chef de clinique. Nous avons au moins un candidat dans chaque fac», explique Bérengère Crochemore. Le ministère de l'Enseignement supérieur a pris l'engagement d'ouvrir à la rentrée prochaine un poste de chef de clinique par faculté, mais certains doyens freinent des quatre fers. «C'est le flou intégral, poursuit Bérengère Crochemore. On ne sait pas combien de postes seront ouverts, ou et pour qui. » Devant la progression du nombre d'internes de médecine générale en formation – ils sont entre 5 500 et 6 000 –, l'ISNAR-IMG réclame également l'ouverture de nouveaux terrains de stage. Certains manquent cruellement dans des disciplines comme la pédiatrie, la gynécologie ou en médecine générale ambulatoire. Le syndicat va également entamer une campagne de recrutement de maîtres de stages, dont l'effectif ne suffira pas dans les prochaines années à encadrer des promotions en augmentation. Il en faudrait 5 000, selon la responsable de l'association.
> CH. G.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature