Deux mois après l’échec des négociations interprofessionnelles sur la coordination libérale, c’est toujours le grand flou.
Côté financement des structures, un arbitrage discret est en cours, sous la houlette de l’expert Bertrand Fragonard. Principal enjeu : la pérennisation des expérimentations de nouveaux modes de rémunération (ENMR), dotations qui finançaient jusqu’à fin 2014 quelque 300 maisons et centres de santé. Mais de source syndicale, la concertation a subi un net ralentissement au regard de l’actualité médicale. Le temps presse pourtant. L’arbitre doit élaborer un plan alternatif avant le 17 février.
Les syndicats, qui devaient remettre leur contribution écrite à Bertrand Fragonard la semaine dernière, ont fait l’école buissonnière, monopolisés par l’actualité et leur mouvement de protestation (fermeture des cabinets, grève administrative) contre le projet de loi de santé.
Quelle enveloppe ?
La Fédération des médecins de France (FMF) justifie son manque d’intérêt par le manque de moyens accordés de toute façon à la coordination libérale. « Pas la peine de perdre notre temps », juge le Dr Jean-Paul Hamon, président. Plus ouverte, la CSMF doit revoir Bertrand Fragonard cette semaine, pour la seconde fois. Si le président Jean-Paul Ortiz fait confiance à l’arbitre pour trouver un compromis permettant de financer les structures en mal de ressources, la question des moyens, des modalités ou encore de la place des spécialistes dans la coordination libérale reste posée. Certains redoutent un arbitrage au rabais. MG France réclame une enveloppe financière « au moins égale » à celle des ENMR et une formation des médecins à la conduite de projet collectif.
« Sans rien attendre de l’arbitrage de Bertrand Fragonard », onze syndicats de libéraux de santé* viennent de réclamer la réouverture sans délai de vraies négociations « ACIP » (accord cadre interprofessionnel), afin de remettre à plat la valorisation du travail en équipe, sous toutes ses coutures. « L’UNPS [Union nationale des professionnels de santé] a présenté un modèle d’organisation et de rémunération simple et faisable (...) ayant vocation à s’appliquer à toutes les formes d’exercice, y compris celles concernées actuellement par les ENMR, dès lors que les prises en charge nécessitent une coordination des acteurs », plaident ces syndicats.
Pour l’instant, leur appel est resté lettre morte.
*Le SML pour les médecins, la CNSD (dentistes), la FFMKR et le SNMKR (kinés), la FNI et l’ONSIL (infirmiers), la FNO (orthophonistes), la FNP (podologues), l’ONSSF (sages-femmes), le SNAO (orthoptistes), ou l’UNSAF (audioprothésistes).
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