A METTRE sur le haut du cartable le touchant album «Cent récitations d’hier pour aujourd’hui» (1), qui rassemble ces mots d’hier que, une génération après l’autre, nous avons appris et récités. Classés de l’automne à l’été, ils disent une année entière à l’école, les trois trimestres et les quatre saisons pour grandir au fil des mois, mais aussi au fil des impressions et des sentiments. Ponctuées de petits dessins en couleurs d’enfants, ces poésies intemporelles sont superbement illustrées par les photographies en noir et blanc de Michel Maïofiss.
Tout aussi nostalgique est le «Ce que je croyais quand j’étais petit» (2) de Gilles Gay – par ailleurs auteur, scénariste et réalisateur – qui égrène au fil des pages tous les préceptes avec lesquels on a bassiné l’enfance de nos parents, qui, à leur tour, nous ont répété ces pseudo-vérités destinées à nous faire tenir tranquilles que nous transmettons à nos enfants, etc.
Du «Je croyais que la soupe faisait grandir… Je croyais qu’on pesait moins lourd quand on sortait du confessionnal... Je croyais que, si je tirais la langue, un chat risquait de la manger...» au « Je croyais que plus on était vieux plus on était intelligent» ou «Je croyais tout ce que disaient mes parents», ce sont 380 idées reçues et clichés souvent drôles et parfois terrifiants qui défilent – à déguster chaque jour comme une petite madeleine.
Sous le titre en forme de jeu de mot «Elles sont tropes!» (3), c’est un essai à la fois savant et amusant que propose Anne Quesemand. Partant d’une fiction composée de brèves de comptoir et de conversations de tous les jours, entendues dans la rue ou les transports, elle offre un catalogue ludique et non exhaustif de figures de style. De l’adynaton au zeugme, en passant par l’ellipse ou la métaphore, ce sont au total plus de quatre-vingt tropes – « torsions » du langage – qui sont inventoriés, avec définition précise et exemples littéraires à l’appui. Subjectif et ludique, l’ouvrage rend ainsi hommage à l’inventivité langagière de M. Tout-le-Monde qui fait de la rhétorique sans le savoir.
Partie prenante du livre, la trentaine d’illustrations de Laurent Berman, où les lettres se font images, renvoient à ces jeux des mots qui font toute la saveur de la langue française.
Lorsqu’on énonce un «Guide pratique du français sans fautes. Orthographe, grammaire et conjugaison» (4), doit-on craindre de revenir aux rébarbatifs livres pédagogiques d’hier ? Certes pas. Réalisé sous la direction de Bernard Laygues, qui n’en est pas à son coup d’essai, cet ouvrage original a été conçu pour nous aider à trouver, en toutes circonstances, le bon mot, la bonne expression et la bonne orthographe.
On y trouve un répertoire des pièges et difficultés de la langue où sont barrés les formulations et les mots fautifs ; on sait ainsi d’un seul coup d’oeil quelle forme utiliser ( dilemme dilemne ; alternative double alternative). On y trouve aussi des dictées pour se tester, des jeux-tests, des grilles, des jeux de culture pour évaluer ses connaissances en s’amusant, un guide du mot juste pour enrichir son vocabulaire ainsi qu’un guide des conjugaisons.
(1) Editions Omnibus, 27 euros.
(2) Editions Anne Carrière, 140 p., 14 euros.
(3) Editions Alternatives, 96 p., 12 euros.
(4) Editions Sélection du Reader’s Digest, 704 p., 160 ill. coul., 40 euros.
Montaigne et « les voix du plafond »
Michel de Montaigne n’a que 38 ans lorsqu’il décide de se retirer de la vie civile et de s’enfermer dans la « librairie » de son château périgourdin pour y lire et écrire. C’est au deuxième étage d’une tour que, de 1571 jusqu’à sa mort en 1592, il va travailler à l’oeuvre de sa vie, « les Essais ». Il orne les deux grosses poutres et les quarante-six solives du plafond d’inscriptions grecques et latines, soixante-cinq au moins, qui constituent un véritable livre ouvert dont il ne cessera de s’inspirer. « Les Voix du plafond » rappellent notamment que la science offerte par les livres n’est que vanité, amas d’incertitudes.
Traduites par Alain Legros, ces sentences, sceptiques, bibliques, souvent poétiques, railleuses parfois, empruntées à saint Paul, Lucrèce ou Sophocle..., sont présentées dans cet ouvrage intitulé « Pas plus sage qu’il ne faut » (de saint Paul : « Ne plvs sapite qvam oportet sed sapite ad sobrietatem », accompagnées d’un extrait des « Essais » qui leur fait écho.
Ce n’est pas tout : quatre calligraphes se sont emparés de ces courtes phrases et les interprètent à leur manière, entraînant le lecteur, à travers une quarantaine de calligraphies, sur les pas du penseur déambulant dans sa librairie.
Éditions Alternatives, 96 p., 22 euros.
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