Les MOST étaient eux aussi en grève le 8 avril. En tout cas, le mot d’ordre avait été répercuté par le chef de file de ces « médecins à orientations spécifiques thérapeutiques ». « Nous sommes avant tout des généralistes et nous soutenons l’exercice de la médecine générale libérale, donc la cotation en Cs », martèle Meyer Sabbah, généraliste à Grâce dans les Alpes Maritimes, mais dont 70% de l’activité est occupée par la pratique de l’homéopathie, de l’acupuncture ou de la mésothérapie.
Pourtant, le président du pôle MOST avait cette semaine d’autres motifs de préoccupation, avec l’organisation des 2èmes Assises MOST, qui se tiendront samedi 9 avril à Paris à la Pitié Salpêtrière. Cet événement, au cours duquel les organisateurs attendent quelques 600 personnes, sera le temps fort d’une organisation professionnelle encore jeune (elle n’a que 18 mois) et qui se caractérise par une double originalité.
Créé en novembre 2008 à l’initiative de médecins de l’URML Paca, le pôle MOST entend en effet rompre avec la classification MEP (Modes d’expertises particuliers) qui regroupait sous un même vocable l’angéiologue, le médecin légiste, mais aussi d’authentiques MOST comme les acupuncteurs, homéopathes ou ostéopathes. A l’époque, la création du pôle MOST visait au regroupement de quelques 10 000 à 15 000 médecins généralistes exerçant avec une spécificité thérapeutique. Mais il naissait aussi en réaction à la loi « HPST », coupable, selon Meyer Sabbah d’un véritable « déni sanitaire » : « On disparaissait du premier recours, et comme on n’était pas non plus reconnu comme praticien de second recours, on risquait tout simplement de disparaître, » explique le président de Pôle MOST.
Jusque-là, rien de bien différent avec un syndicat de médecins. Pourtant, Pôle Most, c’est autre chose qu’un syndicat. La deuxième caractéristique de cette organisation, c’est son abord transversal, puisque sept associations de patients en font partie. « Selon l’OMS, environ les deux tiers de la population Française ont recours à ce type de médecine, soit occasionnellement, soit comme une alternative à la médecine allopathique, » souligne Meyer Sabbah, qui compte aussi dans son organisation deux complémentaires : le groupe April et la Mutuelle des travailleurs de la région lyonnaise (MTRL).
Le rassemblement de samedi devrait permettre aux uns et aux autres d’échanger autour du « libre choix thérapeutique », thème des Assises cette année. Autour de cet intitulé, trois chevaux de bataille du Pôle Most devraient revenir dans les débats. A commencer par la situation démographique, qui inquiète les praticiens MOST. « C’est vrai, on entend souvent dire que nous sommes nombreux», convient Meyer Sabbah, qui poursuit : « parallèlement la population vieillit et je vous assure que l’offre n’éponge pas la demande. Personnellement, dans mon cabinet de Grâce, mes patients ont deux mois d’attente. Le problème démographique est le même que pour les médecins généralistes ; il est même un peu amplifié. »
Effectifs insuffisants, que Pôle Most relie à la situation tarifaire, les généralistes à exercice particulier, n’ayant, comme chacun sait, plus accès au secteur 2. « Aujourd’hui, ni l’installation en secteur 1, ni l’exercice non conventionné ne sont viables, pour un médecin dont les consultations durent de vingt minutes et trois quart d’heures », objecte le Dr Sabbah. A la place d’un paiement à l’acte étriqué, Pole Most réclame donc un tarif horaire : « Il pourrait être fixé autour de 150 euros l’heure, ce qui ne me paraît pas excessif », suggère Meyer Sabbah.
Troisième sujet qui sera débattu lors de ces Assises : la prise en charge des soins. Car si la Sécu ne bouge pas, des contacts ont lieu entre Pôle Most et des mutuelles pour arriver à des forfaits de remboursement annuels en ostéopathie, acupuncture et phytothérapie. Les pourparlers sont suffisamment avancés avec trois d’entre elles, pour que le président du Pôle Most annonce la couleur : le contrat en question pourrait s’appeler MUST, comme « Mutuelle pour l’utilisation des spécificités thérapeutiques. »
Sur ces trois thèmes, la table ronde politique du samedi matin à 10h30 sera très attendue. La rencontre devrait aussi être l’occasion de mettre officiellement sur les fonts baptismaux en début d’après-midi le « collège des spécificités thérapeutiques » qui posera dans la foulée sa candidature à la Fédération des spécialités médicales. Enfin, la manifestation verra la création de la Société Française de médecine environnementale, en lien avec l’Asef (Association santé environnement de France). Comme quoi, dans leur quête d’identité, les MOST font feu de tous bois.
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