La surveillance des cancers épidermoïdes des Vads « nécessite la prise en charge de nombreux problèmes en parallèle ». Elle « fait intervenir tous les acteurs ayant participé au diagnostic et au traitement de la maladie », et s'exerce avec l'aide du médecin généraliste. Sauf exception (jamais d'intoxication alcoolo-tabagique), elle « sera effectuée à vie »
LA SURVEILLANCE des cancers épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures (Vads) de l'adulte vient de faire l'objet de recommandations pour la pratique clinique. Comme cela est habituel pour ces textes, les recommandations proposées ont été classées en grade A, B ou C, en fonction du niveau de preuve qu'il a été possible d'établir. Une recommandation de grade A correspond au niveau de preuve I, le plus élevé. Il est fondé sur de grands essais comparatifs randomisés avec résultats indiscutables. Une recommandation de grade B, correspondant au niveau de preuve II, est fondée sur de petits essais comparatifs randomisés dont les résultats sont incertains. Une recommandation de grade C, affectée du niveau de preuve III, est fondée sur des essais comparatifs n'ayant pas fait l'objet d'une randomisation ou des études de type suivi de cohorte. Le niveau de preuve IV est celui des essais comparatifs non randomisés dont le groupe témoin est historique, ou des études de cas témoins. Le niveau de preuve V, le plus faible, correspond aux essais sans groupe témoin ou aux simples séries de patients. En l'absence de niveau de preuve suffisant, les recommandations correspondent à un accord professionnel dégagé d'échanges entre les membres du groupe de travail.
Un élément essentiel de la prise en charge.
La surveillance des patients traités pour cancer des Vads est « un élément essentiel de leur prise en charge ». Elle fait intervenir « de nombreux soignants dans la rééducation et la prise en charge globale de ces patients », en particulier, mais non seulement, les chirurgiens, radiothérapeutes et oncologues médicaux qui ont participé au bilan et au traitement de la maladie.
Ces recommandations ont été divisées par les auteurs en quatre parties : bilan carcinologique d'évaluation posttraitement, dépistage des récidives locales et régionales et des localisations métachrones des Vads, dépistage des métastases et des localisations métachrones œsophagiennes et bronchiques, et enfin les autres objectifs. Les recommandations ont également proposé un calendrier de surveillance pour situer de façon chronologique les principales recommandations.
L'évaluation postthérapeutique est un « volet essentiel dans la prise en charge de la maladie cancéreuse ». L'examen clinique ORL est fondamental, et il guide l'indication de l'endoscopie, réalisée sous anesthésie générale. Des travaux prospectifs sont en cours pour évaluer la place de la tomographie par émission de positons.
Le dépistage des récidives locales et ganglionnaires et des deuxièmes localisations est « un enjeu essentiel ». La consultation systématique devrait être réalisée par un spécialiste des Vads. La panendoscopie sous anesthésie générale n'est « pas intégrée systématiquement » dans le schéma de surveillance. L'imagerie n'est pas systématique mais doit être orientée par l'examen clinique. Le risque de second cancer est plus important chez les patients qui poursuivent une intoxication éthylo-tabagique après traitement de la première tumeur et il perdure avec le temps.
Une surveillance à vie.
Concernant les métastases, les organes les plus fréquemment touchés sont le poumon, le squelette osseux et le foie. Ces métastases sont découvertes dans les deux ans qui suivent le diagnostic de la tumeur initiale dans 85 % des cas. Les nodules infracentimétriques peuvent faire l'objet d'une surveillance. En cas d'évolutivité, une ponction, une tomographie par émission de positons voire une exploration chirurgicale seront discutées. La recherche de métastases osseuses n'est effectuée qu'en cas de douleurs ou d'hypercalcémie.
Les objectifs non carcinologiques de la surveillance ont été considérés comme importants par les auteurs des recommandations. Ils comportent l'analyse des fonctions physiologiques de respiration, de déglutition, de phonation et des modifications morphologiques, neuromusculaires et esthétiques. Par ailleurs, les experts ont souligné que le délai d'apparition d'une sténose carotidienne peut varier de quelques mois à plus de 20 ans. La vigilance s'impose donc, avec contrôle par écho-Doppler en cas de doute clinique. L'hypothyroïdie, quant à elle, survient surtout dans les deux premières années. Enfin, la surveillance attentive de l'état général et nutritionnel du patient s'impose.
Ainsi, pour les experts, « ce sont les patients au pronostic le moins favorable qui ont probablement le plus besoin d'une prise en charge non carcinologique ». Le suivi nécessite la prise en charge de nombreux problèmes en parallèle. Cette surveillance « fait intervenir tous les acteurs ayant participé au diagnostic et au traitement de la maladie », et s'exerce avec l'aide du médecin généraliste, « notamment en ce qui concerne les pathologies associées, le traitement de la douleur, la prise en charge psychologique et le sevrage de l'alcool et du tabac ». Les experts ont proposé un calendrier de surveillance qui doit être adapté aux besoins du patient. Un examen s'impose tous les 2 mois la première année, tous les 3 mois la deuxième année, tous les 4 mois la troisième année puis, à partir de la quatrième année, tous les 6 mois. Cette surveillance « sera effectuée à vie, sauf pour les patients n'ayant jamais présenté d'intoxication alcoolo-tabagique chez lesquels la surveillance sera limitée aux 5 premières années ».
D'après la communication : « Suivi postthérapeutique des carcinomes épidermoïdes des voies aéro-digestives supérieures de l'adulte ».
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