De notre envoyé spécial
Même si la santé n'est pas un droit de l'Homme au sens strict, les ministres ont rappelé que l'accès équitable à des soins de qualité procède lui aussi de ce droit et ne doit pas être remis en question par les difficultés économiques actuelles.
Au-delà des grands enjeux de la bioéthique, les droits de l'Homme doivent être vécus au quotidien, dès qu'un patient pousse la porte d'un cabinet médical ou d'un hôpital. Outre le respect du consentement et de la confidentialité, ils incluent une information objective sur toutes les questions touchant à la santé et aux soins. Plusieurs pays, dont l'Espagne, la Hongrie ou l'Allemagne, ont mis en place des sites Internet labellisés d'information sanitaire, complétés par des centres d'appel pour les patients qui ne peuvent ou ne veulent y avoir recours. La conférence a plaidé pour une généralisation de ces expériences en Europe, mais aussi pour une coopération renforcée de tous les Etats dans le domaine de la santé, y compris dans la mise au point de nouvelles technologies d'information médicale et de traitements. Les ministres souhaitent prévenir l'aggravation des « fossés sanitaires » entre les Etats de l'Union européenne et les autres pays européens moins riches. Ils ont réaffirmé par ailleurs leur volonté de promouvoir des modes de vie plus sains (voir encadré) et de développer la prévention, soulignant que ces mesures faciliteront une répartition plus judicieuse des ressources et éloigneront le spectre du rationnement ou de « l'exclusion par l'argent ».
Trafics d'organes
La conférence a plaidé enfin pour le développement des soins palliatifs dans toute l'Europe, avec une meilleure collaboration scientifique et pratique entre les pays européens. La coopération européenne devra se concentrer aussi sur les problèmes du vieillissement, et apporter des réponses aux questions sanitaires soulevées par la mobilité accrue des Européens et les migrations, légales ou illégales.
Enfin, les ministres se sont inquiétés de l'expansion du trafic d'organes en provenance de certains pays d'Europe orientale, notamment la Moldova. Le Conseil de l'Europe pourrait être conduit, dans les mois à venir, à élaborer un instrument juridique spécifique afin de prévenir et de mettre fin à cette « forme moderne de traite et d'esclavage ».
La Norvège va bannir le tabac dans tous les lieux publics
Le 1er janvier prochain, la Norvège deviendra le premier pays européen à proscrire totalement le tabac dans tous les lieux publics, les restaurants et les bars. Fumer dans un bar ou un restaurant sera sanctionné par une amende, pour le fumeur comme pour le propriétaire, lequel paiera autant de fois qu'il y aura de fumeurs interpellés chez lui.
Le ministre norvégien de la Santé, Dagfinn Hoeybraten, à l'origine de cette mesure, estime que « dans quelques mois, tout le monde sera habitué au plaisir de dîner dans un air pur » et que plus personne ne voudra revenir en arrière, « de même que personne n'a remis en cause l'interdiction de fumer dans les avions ou les salles de conférences ».
« Je m'attendais à une certaine opposition du Parlement lorsque j'ai proposé cette mesure, a expliqué M. Hoeybraten, mais j'ai été immédiatement suivi par les députés, et c'est un grand pas pour la santé publique. »
Les Norvégiens restent de grands fumeurs, en dépit des restrictions déjà très nombreuses et du prix du tabac, de loin le plus élevé d'Europe : un paquet de vingt cigarettes coûte entre 65 et 70 couronnes, soit 9 euros, ce qui ne semble pas décourager les consommateurs.
La nouvelle loi ne fait pas l'unanimité dans la population, y compris chez les médecins, comme le résume un généraliste d'Oslo, le Dr Lyche-Saether : « Je vais devenir un délinquant parce que j'aime fumer ma pipe dans un bar, et je ne supporte pas cette idée », s'insurge-t-il, avant d'émettre quelques doutes sur les effets de la loi : « Nous sommes des gens disciplinés et nous irons donc fumer sur le trottoir, devant le bar, comme en Californie. Mais en Norvège, il fait moins 15 en hiver, et le fait d'aller fumer dehors... remplira nos cabinets médicaux ! »
D. D. B.
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