LA MIGRAINE de l’enfant, en raison de sa prévalence (de 5 à 10 %), de l’absentéisme scolaire qu’elle provoque et des errements diagnostiques qu’elle suscite, pose un problème de santé publique. Il est donc nécessaire de la diagnostiquer le plus tôt possible. Selon les critères de l’International Headache Society (voir encadré), elle évolue selon un modèle de crise assez stéréotypé, d’intensité sévère avec des signes digestifs très marqués : l’enfant est pâle, avec des yeux cernés, et arrête toute activité. Le sommeil est souvent réparateur. A la différence des migraines de l’adulte, elle est souvent frontale et bilatérale et possède un seuil de durée plus court : une heure au lieu de quatre. La crise est accompagnée d’ aura dans 30 à 40 % des cas ; les manifestations peuvent être visuelles (scotome scintillant, déformations), auditives (hallucinations, bourdonnements) ou encore se manifester par des troubles sensitivo-moteurs (fourmillements, engourdissements, paresthésies). Chez beaucoup d’enfants, on peut retrouver un tableau mixte associant migraines et céphalées de tension. Les caractéristiques de la douleur permettent de les différencier. Celle des céphalées de tension est moins intense ; non pulsatile, elle n’est pas influencée par l’effort physique. Elle n’est pas non plus accompagnée de signes digestifs, de photophobie ou de phonophobie.
Les trois temps de la consultation initiale.
La consultation initiale doit se dérouler en trois temps.
Le premier temps permet d’élaborer le diagnostic et de repérer les caractéristiques de la migraine. Il passe par la recherche de l’anamnèse, des antécédents personnels et familiaux, du mode de déroulement des crises, de l’identification des facteurs déclenchants et de l’efficacité des traitements. Il se termine par un examen clinique détaillé.
Le deuxième temps est consacré à l’évaluation du niveau d’anxiété de l’enfant : son stress, ses soucis familiaux et scolaires, ses résultats.
Enfin, le troisième temps est consacré à l’information et à l’explication de la pathologie au patient ainsi qu’à ses parents : cette migraine est d’origine génétique comme en témoigne l’atteinte des parents ou de l’entourage familial. Elle touche autant les filles que les garçons et ne dépend ni des influences hormonales ni des prises alimentaires. En revanche, elle est sensible à des facteurs déclenchants tels que la chaleur, la luminosité, le bruit, le sport, les contrariétés ou les charges scolaires. Il est important de voir avec la famille comment les éviter. A ce titre, la réalisation d’un agenda de la migraine peut être très utile, car l’efficacité du traitement dépend essentiellement de la précocité de la prise médicamenteuse. L’ibuprofène est le plus utilisé. En traitement de fond, les techniques de relaxation et d’autohypnose donnent de bons résultats. L’homéopathie paraît aussi intéressante ; 69 médecins généralistes interrogés dans le cadre d’une enquête* signalent l’efficacité de : Ignatia, Lycopodium, Natrum muriaticum, Gelsemium, Pulsatilla, en dilution 9 et 15 CH.
D’après une communication du Dr Daniel Annequin (hôpital d’Enfants Armand-Trousseau, Paris) lors des 7es Journées de l’institut Boiron.
* Enquête de pratique de l’institut Boiron.
Les critères diagnostiques des migraines sans aura de l’enfant selon l’IHS*
A) Au moins cinq crises répondant aux critères B-D.
B) Crises d’une durée de 1 à 48 heures.
C) La céphalée présente au moins deux des caractéristiques suivantes :
– localisation bilatérale ;
– caractère pulsatile ;
– intensité modérée à sévère ;
– aggravée par l’activité physique.
D) Durant la céphalée, il existe au moins un des caractères suivants :
– des nausées ou des vomissements ;
– une photophobie et/ou une phonophobie.
E) Exclusion par l’anamnèse, l’examen clinique, neurologique et les examens complémentaires nécessaires d’une maladie organique pouvant être la cause de cette migraine.
* International Headache Society.
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