Les meurtriers psychopathes sont souvent décrits comme des individus dénués d'émotion et de remords et agissant de sang-froid. On constate aussi qu'ils peuvent mentir et feindre les émotions qui leur manquent.
Des psychologues britanniques rapportent avoir constaté des anomalies cognitives concernant les représentations et les croyances relatives à la violence chez ces personnes. Ces modifications pourraient sous-tendre leurs actions.
Le danger potentiel que les psychopathes peuvent représenter n'est souvent pas apprécié à sa juste mesure en raison de leur habileté à la manipulation et de l'aptitude qu'ils ont à duper leur monde. Les réponses à l'évaluation clinique sont souvent déjouées et les motifs sous-jacents n'apparaissent pas.
Nicola Gray et coll. (école de psychologie, Cardiff) ont utilisé un test connu sous le nom de « Implicit Association Test » (IAT), utilisé pour déceler les préjugés cachés, cela après l'avoir adapté pour déceler des croyances implicites au sujet de la violence.
L'IAT est un outil performant pour quantifier les croyances et conceptions que les sujets veulent dissimuler ou déguiser. Cela a été montré pour des attitudes telles que le dénigrement d'un groupe ethnique, de l'homosexualité, ou de l'obésité.
Le test a été appliqué à 121 hommes ayant été admis dans le quartier de sécurité d'une prison après avoir commis des agressions et présentant des troubles de la personnalité.
Le test « Psychopathy Check-List-Revised » a permis de diagnostiquer 25 d'entre eux comme psychopathes.
Les réactions négatives sont atténuées
Au final, la population était composée de 13 psychopathes meurtriers, 17 meurtriers non psychopathes, 39 psychopathes coupables d'autres délits et 52 non-psychopathes coupables d'autres délits. Aucune différence significative dans les QI entre ces différents groupes n'est apparue.
Comme on s'y attendait, les psychopathes meurtriers ont des résultats diminués aux IAT comparativement aux meurtriers non psychopathes (p < 0,05).
« La diminution des résultats à l'IAT vis-à-vis de la violence est probablement due à des anomalies des croyances au sujet de la violence, davantage qu'à d'autres effets non spécifiques tels qu'un mauvais contrôle des impulsions ou un déficit au niveau de la prise de décision. »
Chez les meurtriers psychopathes, la réaction négative qu'inspire un acte de violence est atténuée. L'interaction entre le caractère psychopathe et le meurtre montre qu'il est essentiel de prendre en compte la combinaison des deux facteurs en identifiant des croyances sous-jacentes infondées sur la violence. Cela permet de mieux diagnostiquer une petite population de psychopathes très violents, capables de tuer. Tous les psychopathes ne sont pas des meurtriers et tous les meurtriers n'ont pas des perceptions faussées de la violence. L'IAT est un outil utile à cet égard.
« Nature », vol. 423, 29 mai 2003, pp. 497-498.
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