LES INFECTIONS par virus respiratoires prennent volontiers la forme d'une épidémie. Même si les pathologies sont majoritairement bénignes, ces épidémies sont assorties d'une mortalité potentielle non négligeable, comme de SRAS en 2003, causé par un coronavirus, où 8 000 personnes avaient été atteintes, avec 780 décès.
La revue systématique, signée par Tom Jefferson et coll., montre que des moyens simples sont efficaces pour empêcher la dissémination des infections par virus respiratoires et donc prévenir le risque d'épidémie à partir des premiers cas observés.
Efficaces et facilement utilisables.
Différentes barrières physiques, à la fois efficaces et facilement utilisables, sont déjà couramment utilisées : le lavage des mains, le port de masque et l'isolement des personnes potentiellement infectées. Maintenant, on peut mieux définir l'application de ces mesures et en connaître l'impact chiffré.
Ainsi, la diffusion de l'infection est prévenue par un lavage des mains plus de dix fois par jour, après chaque occasion de contact avec une situation infectante (risque relatif de 0,45), tout comme le port des gants (RR de 0,43), le port d'un masque (RR de 0,32) et un masque spécial hautement filtrant (RR de 0,09, réduction de 90 %), le port d'une blouse (RR de 0,32). L'addition de tous les moyens – lavage des mains, masques, gants et blouse – a un effet très significatif (RR de 0,09).
Le groupe a recherché des études comportant des informations sur l'effet des interventions physiques quant à la diffusion des infections respiratoires. Ils ont trouvé des articles dans 2 300 titres, mais n'ont retenu que 138 publications, dont 49 rapports et 51 études.
Beaucoup d'articles ont été écartés en raison de leur manque de rigueur ou de leurs défauts méthodologiques.
La preuve que les moyens hygiéniques peuvent prévenir le risque de formation d'une épidémie à partir de quelques cas isolés provient de peu d'études randomisées de bonne qualité. Ils ont ainsi réalisé une métaanalyse de six études cas-témoins.
Un virucide ou un antiseptique.
L'ajout d'un virucide ou d'un antiseptique aux moyens physiques décrits n'apporte pas de bénéfice certain. L'effet des vaccins, très bien étudié par ailleurs, n'a pas fait partie de cette recherche.
Enfin, le groupe a cherché dans les publications des données sur l'efficacité du dépistage lors des entrées dans des ports. Mais les informations recueillies à partir de leur analyse ne permettent pas de tirer de conclusions.
Les auteurs évoquent leurs difficultés face aux méthodologies des études. Il est certain qu'il est difficile d'obtenir « l'aveugle » pour des interventions telles que le lavage des mains ou le port de la blouse. Les études recouvrent quatre décennies, se sont déroulées des banlieues aux baraques militaires, des unités de soins intensifs et des services de pédiatrie dans les pays industrialisés aux favellas des pays pauvres.
La compliance face aux programmes d'éducation est un problème unanimement observé. Le maintien de l'application des mesures à long terme peut sembler difficile, en particulier celle qui concerne les évictions entre enfants. Une telle observance ne semble réalisable que dans des environnements très motivés (hôpital).
«Notre revue systématique donne néanmoins un éclairage important. L'effet est aussi net sans doute parce qu'il s'agit de jeunes enfants, qui ont peu de penchants spontanés vers l'hygiène.»
« British Medical Journal », édition avancée en ligne.
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