L'opération des « mercredis de santé libérée », lancée le 11 juin par trois syndicats de médecins libéraux (CSMF, SML et Alliance), se reproduit aujourd'hui pour la quatrième fois.
Un jour par semaine, les médecins généralistes et spécialistes installés en secteur I sont invités à expérimenter « en grandeur nature » l'espace de liberté tarifaire que les syndicats n'avaient pu obtenir lors des négociations avec l'assurance-maladie, autrement dit, à appliquer un dépassement d'honoraires (avec tact et mesure) en dehors des urgences médicales. Ce jour-là, espèrent les syndicats, les médecins libéraux, quelle que soit leur discipline, pourront « oublier les contraintes et les lourdeurs du système ». En contrepartie, les patients, informés par voie d'affiche et lors de la prise de rendez-vous, doivent pouvoir espérer « une disponibilité accrue et une meilleure écoute ».
Malgré les critiques qui ont immédiatement accompagné le lancement de cette opération, y compris au sein de la profession (les coordinations, la FMF ou le Syndicat de la médecine générale - SMG - ont condamné ou décrié l'initiative), la CSMF, le SML et Alliance veulent « pérenniser » la démarche tous les mercredis, au moins jusqu'à la rentrée de septembre, pour que l'espace de liberté clairement identifié « entre dans les esprits avant d'entrer dans les textes ».
Réussite pour la CSMF, « non-événement » pour la CNAM
Si la CSMF se félicite de la « réussite » du début de l'opération qui a permis, selon le syndicat, de tester un « nouveau type d'exercice médical », il est difficile de vérifier l'impact réel sur le terrain. « Avec les mercredis de santé libérée, l'espace de liberté tarifaire va être banalisé, assure le Dr Jean-François Rey, président de l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE-CSMF). Avant, certains médecins faisaient trop de DE, d'autres, à l'inverse, étaient très timides ; désormais, on offre un espace de liberté clair pour tout le monde. »« En cas d'attaque des caisses, ajoute-t-il, on défendra les médecins et on ira jusqu'à la discussion juridique. »
Le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), est plus mesuré dans ses propos. « A la lumière des réunions en province que j'ai faites, les réactions sont mitigées : certains médecins adhèrent totalement à la démarche, d'autres expliquent que ce n'est pas évident à mettre en place. Je crois que c'est davantage un état d'esprit qu'il faudra apprécier, plutôt que des statistiques. » Comme beaucoup, il estime que la répétition des mercredis de santé libérée (et, donc, des dépassements tarifaires) sera « plus facile à assumer pour un généraliste à Paris qu'en province ».
La Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), qui a souvent rappelé ces derniers mois les conditions d'application du DE, minimise, de son côté, la portée de l'opération. « Ces mercredis sont des non-événements qui ne touchent que le microcosme syndical, tranche-t-on à la CNAM. Quant à la liberté tarifaire, que ce soit un jour par semaine ou tout le temps, on a déjà expliqué ce qu'on en pensait... » On ne saurait mieux dire : les négociations conventionnelles avaient principalement achoppé sur ce dossier sensible.
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