Troubles cardio-vasculaires et respiratoires

Les méfaits à court terme de la pollution de l’air

Publié le 09/03/2006
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UN CERTAIN NOMBRE d’études épidémiologiques ont démontré qu’il y a un lien entre les particules aéroportées et des maladies chroniques et aiguës. Des mesures de santé publique ont été prises pour éviter les polluants contenant des particules d’un diamètre de 10 microns ou moins et pour créer une alerte concernant les particules de 2,5 microns ou moins.

Qu’en est-il du risque à court terme associé aux pollutions par particules très fines, de taille égale ou inférieure à 2,5 microns de diamètre (dites particules PM2.5) ? Une étude publiée dans le « Jama » répond à cette question.

Les données provenant des systèmes de surveillance mis en place aux Etats-Unis et en action depuis 1999 permettent d’obtenir des réponses. Les données nationales sur les concentrations en particules PM2.5 ont été utilisées et mises en regard des fichiers enregistrés par Medicare (patients de plus de 65 ans), pour évaluer l’association entre une exposition de courte durée, entre vingt-quatre heures et trois jours, et les hospitalisations.

Les personnes âgées.

On s’est intéressé aux admissions pour raisons cardio-vasculaires et respiratoires, en s’intéressant aux effets sur la population vulnérable représentée par celle des personnes âgées. Pour la période comprise entre 1999 et 2002, on a dénombré les d’admissions pour : cardiopathies ischémiques, maladies cérébro-vasculaires, troubles du rythme, insuffisance cardiaque, bronchopneumopathie chronique obstructive, infection respiratoire. De même que les blessures, afin d’établir une comparaison.

Les résultats montrent une augmentation de toutes ces affections en relation avec la présence des PM2.5 dans l’air, au-delà de 10 microgrammes par mètre cube.

Dès les vingt-quatre premières heures.

L’effet se manifeste dès les vingt-quatre premières heures de présence de la pollution. Et il n’y a pas d’effet sur le nombre des blessures.

Les risques cardio-vasculaires se sont révélés les plus élevés dans les régions situés à l’est des États Unis, là où la présence industrielle est très importante (production de fumées, alors que dans l’Ouest, les pollutions proviennent plutôt des transports).

L’association la plus forte a concerné le risque relatif d’insuffisance cardiaque, augmenté à l’échelle nationale de 1,28 % en concordance avec une augmentation le jour même des particules PM2.5 dans l’atmosphère par pollution industrielle (composants sulfatés à l’Est et composants nitrés à l’Ouest) ou climatique.

Les mécanismes par lesquels les particules fines altèrent les fonctions respiratoires et cardiaques demeurent en partie obscurs. On connaît le pouvoir de pénétration dans les bronchioles. On invoque une réponse inflammatoire pulmonaire avec libération de cytokines locales et systémique. Des études expérimentales chez la souris indiquent que les particules fines pourraient promouvoir l’athérosclérose. Il existe certains résultats allant dans le même sens chez les humains.

Francesca Dominici et coll. (Baltimore), « Jama » du 8 mars 2006, vol. 295, n° 10, pp. 1127-1134.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7916