Face au chiffre inquiétant de 16 % d'enfants en surcharge pondérale pour l'année 2000, le Programme national nutrition santé (PNNS) lancé par le ministère de la Santé ne pouvait que réagir. C'est chose faite, avec la réalisation, pour quelque 130 000 professionnels de santé, de deux disques de calcul de l'IMC (enfant et adulte). Ces disques permettent, à partir de la taille et du poids du patient, d'obtenir tout de suite son IMC et de savoir si ce dernier correspond à une situation « normale », à un surpoids, à une obésité, ou inversement à un risque de dénutrition.
« Chaque outil à lui seul n'est pas suffisant », souligne le Dr Serge Hercberg, de l'INSERM, en précisant qu'il « faut resituer le problème nutritionnel dans un cadre plus global ». De fait, la diffusion des disques sera assortie d'une documentation complète, ainsi que de recommandations (à venir) de l'ANAES et de propositions de formation. Tous ces éléments devraient être disponibles à partir d'aujourd'hui sur le site Internet du ministère (www.sante.gouv.fr), en choisissant Nutrition dans la recherche thématique.
Le disque devrait permettre un meilleur suivi des enfants à risque (parents obèses, conditions de vie difficiles, sédentarité, etc.) en surveillant le décrochage éventuel des courbes de croissance normales. Pour aider au diagnostic, les courbes de corpulence que l'on trouve dans les carnets de santé ont été complétées par un nouveau « couloir » signalant une obésité de degré 1 ou 2 : un IMC supérieur au 97e percentile signale un enfant obèse, tandis qu'un rebond d'adiposité précoce (avant 6 ans) ou un changement de « couloir » vers le haut doivent alarmer. On peut ainsi, chez les enfants, prévenir une situation d'obésité par de simples conseils et un accompagnement aux familles.
Dépister sans culpabiliser
On peut aussi rassurer les parents inquiets parce qu'ils ont fait leurs propres calculs, ou trouvent leurs enfants trop maigres ou potelés...
Pour autant, il ne s'agit pas de culpabiliser les parents, ni de stigmatiser les personnes souffrant d'obésité. « L'IMC n'est pas un instrument normatif mais un élément pour situer le statut pondéral, permettant d'amorcer un dialogue sur l'alimentation, l'activité physique ou d'autres problèmes », explique le Pr Jean-Michel Oppert (AP-HP). Ce dernier, qui conseille de parler de « valeur de référence » et non de « poids normal », rappelle quelques règles à ne pas oublier : même chez l'adulte, le poids et la taille doivent être mesurés (et pas seulement déclarés), en se souvenant qu'un « IMC normal n'exclut pas un déséquilibre alimentaire ».
Pour sa part, le Pr William Dab, directeur général de la Santé, met l'accent sur les problèmes de dénutrition des personnes âgées. « Très fréquente et souvent méconnue », commente le Pr Arnaud Basdevant, la dénutrition se retrouve « en particulier chez les patients atteints de maladies chroniques, notamment inflammatoires ou néoplasiques, ou en période d'agression chirurgicale ou infectieuse ainsi que dans les populations en grande précarité et chez les personnes âgées. » Selon lui, l'évaluation de la corpulence en consultation doit être aussi systématique que la mesure de la pression artérielle.
Poids et mesures
L'indice de masse corporelle (IMC), encore appelé indice de Quételet, indice de corpulence ou, chez les Anglo-Saxons, body mass index (BMI), est égal au rapport du poids en kilos sur la taille au carré en mètres : IMC = poids (kg)/taille² (m).
La valeur de référence se situe entre 18,5 et 24,9, le surpoids étant signalé entre 25 et 29,9. Un IMC supérieur à 30 signe une obésité, tandis qu'un IMC inférieur à 18,5 doit faire craindre un état de dénutrition.
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