L ES médecins de toutes les structures d'urgence (services hospitaliers, SAMU et SMUR) seront en grève le jeudi 14 juin. L'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF) et le Syndicat des urgences hospitalières (SUH) sont à l'origine de cette journée de protestation.
Les urgentistes en colère font quatre grands reproches aux pouvoirs publics. Celui, d'abord, de ne pas tenir les engagements pris en juin 1999 par Martine Aubry, alors ministre de l'Emploi et de la Solidarité. Plusieurs des mesures du protocole d'accord signé il y a deux ans par le gouvernement et les syndicats d'urgentistes seraient en effet aujourd'hui en panne. Les praticiens contractuels recrutés à l'époque aux urgences des CHU arrivent, par exemple, en fin de contrat sans que personne ne sache ce qu'il va advenir d'eux. L'assurance, donnée par Martine Aubry, que les statuts des assistants et des attachés seraient rénovés avant 2002 est restée lettre morte, tout comme la revalorisation salariale promise aux assistants titulaires d'une CAMU (capacité d'aide médicale urgente) ou d'une CMU (capacité médicale d'urgence).
Après les moyens en hommes, les espèces sonnantes et trébuchantes. A ce chapitre, les médecins urgentistes demandent la reconduction de l'enveloppe de 300 millions de francs qui avait été accordée en 2000 à leurs services dans le cadre du protocole d'accord signé par le gouvernement et les personnels de l'hôpital public.
Troisième sujet de révolte pour les urgentistes : les 35 heures, auxquelles doit passer tout l'hôpital public le 1er janvier prochain. L'AMUHF et le SUH s'indignent de ce que seuls les praticiens hospitaliers (PH), qui sont loin d'être majoritaires dans les services d'urgence, soient concernés par la réduction du temps de travail (RTT). « On est en train d'inventer la nouvelle précarisation de notre travail », dénonce le président de l'AMUHF, le Dr Patrick Pelloux. Les urgentistes continuent par ailleurs à réclamer la création d'une spécialité en médecine d'urgence à part entière.
En montant au créneau, les médecins urgentistes prennent un peu le relais des personnels des services d'urgence franciliens. Emmenés par un collectif qui rassemble les fédérations locales de SUD, de la CGT, de la CFTC et de FO, ceux-ci ont multiplié ces derniers temps les actions d'éclat, manifestant sous les fenêtres du ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, comme sous celles du directeur de l'Agence régionale de l'hospitalisation, Dominique Coudreau. En région parisienne, les personnels dénoncent l'insécurité grandissante dans laquelle ils travaillent et mettent en avant la dégradation des conditions d'accueil dans leurs services. Certains d'entre eux sont à ce point remontés qu'ils n'ont pas hésité, alors qu'ils étaient reçus en délégation au ministère de la Santé, à prendre en otage pendant plus de sept heures les deux personnes qui les recevaient (« le Quotidien » d'hier).
Kouchner : la situation n'est pas satisfaisante
Un coup de force condamné par Bernard Kouchner (« le fait de se montrer violent dans ce pays est une habitude qu'il faut perdre ») qui comprend par ailleurs les raisons de la colère des professionnels de l'urgence. La situation n'est « pas satisfaisante », a notamment déclaré le ministre à l'Assemblée nationale, et si le gouvernement a fait des « efforts » depuis plusieurs années, il va devoir poursuivre dans cette voie. « Il faudra encore faire des sacrifices financiers », a dit Bernard Kouchner aux députés, « coordonner » le travail avec « les praticiens de ville » et régler le problème de l'hospitalisation des patients reçus aux urgences. « Pour que les urgences fonctionnent, il faut que les lits d'aval, c'est-à-dire les lits de médecine, soient disponibles en plus grand nombre et cela nécessite un effort financier de recrutement de personnel », a conclu le ministre.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature