« Nous maintenons la journée de mobilisation nationale mardi (aujourd'hui) et nous poursuivons la grève en Ile-de-France, mais nous reconnaissons qu'il y a des avancées sur le traitement du dossier des urgences », déclarait le président de l'AMUHF (Association des médecins urgentistes hospitaliers de France), le Dr Patrick Pelloux, à la fin de la semaine dernière à sa sortie du ministère de la Santé.
L'AMUHF, qui, depuis le lancement du mouvement de grève des urgentistes franciliens le 6 mai, demandait à être reçue par les autorités sanitaires pour ouvrir des négociations, a été entendue. Une réunion s'est donc tenue en présence de la DHOS (direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins), l'ARHIF (agence régionale d'hospitalisation d'Ile-de-France), l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), l'AMUHF et la CMH (Coordination médicale hospitalière), pendant que des urgentistes manifestaient devant le ministère.
Trois avancées
« Enfin, on a été considéré, enfin, on a senti une unité de dialogue sur le problème des urgences », commente le Dr Pelloux. « Les pouvoirs publics nous ont présenté leur démarche, ont fait des déclarations de très bonnes intentions, reste maintenant à les transformer en actes », poursuit-il, visiblement soulagé par la détente notable de l'atmosphère. Même sentiment exprimé par le Dr François Aubart : « Ça se décoince : plusieurs points vont dans le bon sens, d'autres sont en attente. »
Le président de la CMH relève trois avancées pour les urgentistes d'Ile-de-France : la volonté affichée de pilotage commun par l'AP-HP et l'ARHIF, l'engagement dans les dix jours à améliorer le statut des médecins vacataires et à temps partiel faisant des plein-temps, et la confirmation de l'attribution d'ici à la fin de juin de moyens aux établissements pour respecter les textes qui réduisent le temps de travail des médecins hospitaliers. D'autres engagements ont été pris : « Tous les reçus au concours de PH en médecine d'urgence seront nommés à la fin de mai pour être en poste en juin, toutes les plages additionnelles seront payées, et les autorités sont prêtes à revoir le SROS (schéma régional d'organisation des soins) urgences pour une meilleure organisation », se félicite le Dr Pelloux.
Reste un point d'achoppement de taille : l'AMUHF n'a pas obtenu l'enveloppe supplémentaire qu'elle exigeait pour financer 500 postes d'urgentistes en Ile-de-France (d'après l'estimation des besoins faite par les chefs de service pour ne pas dépasser 48 heures par semaine). La CMH n'a pas plus obtenu gain de cause concernant la délégation immédiate de 100 postes qu'elle appelait de ses vœux. « On est en rupture sur ce point », dit Patrick Pelloux. Mais les discussions ne sont pas finies. Hier, ou peut-être aujourd'hui (la date n'était pas précise), devait se tenir une nouvelle réunion à la DHOS en présence des syndicats médicaux, au cours de laquelle devait être signé un accord régional entérinant toutes les promesses faites la semaine dernière et encourageant la création de lits d'aval.
Le mot d'ordre national d'appel à la grève des urgentistes a été maintenu pour aujourd'hui. « Il s'agit pour les régions de protester contre le manque de moyens en général et les problèmes qui s'annoncent cet été », explique le président de l'AMUHF. L'ARHIF et l'AP-HP ont décidé de traiter la question des fermetures estivales de lits au plus vite, et se réunissent demain pour trouver des solutions spécifiquement franciliennes.
La DHOS, qui a orchestré les réunions avec les urgentistes, se félicite également de la reprise du dialogue. « Les tensions actuelles s'expliquent sans doute par le retard pris par l'Ile-de-France en matière de création de postes », analysait le directeur de la DHOS, la semaine dernière. « Partout ailleurs, les annonces sont faites, les crédits, tout ou partie délégués ; la répartition est achevée et le recrutement en cours », a annoncé Edouard Couty. Ainsi, 756 postes de praticiens hospitaliers (PH) viennent d'être publiés pour toutes les régions hors Ile-de-France, et seront occupés au plus tard en septembre prochain. D'après la DHOS, les urgences sont une priorité claire : 35 % des demandes faites par les régions concernent des postes d'urgentistes. Ces 756 postes viennent en plus des 4 500 postes habituels créés chaque année afin de compenser la mise en œuvre de la RTT, précise Edouard Couty. Le restant des 2 000 nouveaux postes prévus pour 2002 et 2003 reviendra à des PHC, des PAC ou des attachés, « qui pourront à terme passer le concours de PH pour être titulaires à leur tour », ajoute Edouard Couty.
En Ile-de-France, en revanche, la répartition des postes n'est pas achevée. « Avec ses 80 services d'urgence, ses deux tutelles (AP-HP et ARHIF) et son taux élevé de médecins au statut précaire, l'Ile-de-France a eu du mal à recenser les postes manquants dans les temps », commente Edouard Couty. Le fait que les crédits ne sont pas encore versés aux hôpitaux a pu faire croire, à tort, que l'argent était utilisé à d'autres fins, tient à indiquer le directeur de la DHOS. L'ARHIF et l'AP-HP ont jusqu'au 31 mai pour transmettre à la DHOS les besoins site par site pour 2002 et 2003. Les crédits correspondants seront débloqués fin juin ou début juillet au plus tard, promet la DHOS, qui espère ainsi que les postes franciliens pourront être « immédiatement pourvus ».
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