DIMINUTION DU NOMBRE de curistes, absence d'installations de nouveaux confrères, blocage des honoraires... Les 800 médecins thermaux qui exercent aujourd'hui dans quelque 102 stations de l'Hexagone vivent mal la dégradation de leurs conditions de vie. Ces praticiens – 70 % d'entre eux sont des médecins généralistes (1), en très grande majorité des praticiens de secteur I – entendent alerter les pouvoirs publics sur la précarisation de leur profession. «Nous essayons depuis plusieurs années d'obtenir des revalorisations mais sans succès. Nous sommes des oubliés de la vie conventionnelle et nous le vivons comme une injustice, commente le Dr Michel Palmer, président du Syndicat des médecins thermaux (SMT). Les généralistes ont eu successivement la hausse de la consultation à 21 puis 22euros et notre forfait thermal est toujours bloqué à 64euros depuis 2003.» À ce forfait peut s'adjoindre une consultation de surveillance thermale (CST) de 10 euros. Les médecins thermaux s'engagent en contrepartie à effectuer un suivi complet des patients, la coordination des soins et la transmission d'information.
Selon le Dr Palmer, les médecins thermaux pâtissent lourdement de l'absence d'augmentation tarifaire. «Si la courbe de revalorisation avait suivi celle des C et CS depuis 1981, le forfait thermal vaudrait 122euros au lieu des 74euros (64 +10) actuels», souligne le Dr Palmer. Le SMT demande aujourd'hui un rattrapage minimal de 6 euros qui correspond à l'augmentation des C et des CS depuis le début de la convention de 2005. «Il faut ce rattrapage car nous n'arrivons pas à joindre les deux bouts et nous ne souhaitons pas que les confrères en viennent à faire des actes supplémentaires injustifiés ou à pratiquer des DE», lâche le Dr Palmer.
-10 % de curistes depuis 2000.
La médecine thermale subit de plein fouet la baisse de fréquentation des stations. Le nombre des curistes a en effet baissé de 550 000 à 500 000 par an depuis 2000. Conséquence directe de la baisse du pouvoir d'achat des Français ? Pas seulement. «Cette chute est essentiellement liée au fait que les confrères ne connaissent pas bien le thermalisme et ne l'envisagent pas dans leur thérapeutique, souligne le Dr Palmer. Certains pensent encore que c'est une cure ou Lourdes...» D'où l'importance, selon le président du SMT, d'une meilleure communication du thermalisme par le médecin traitant. La médecine thermale essaie depuis plusieurs années de reconquérir une reconnaissance scientifique après avoir été ébranlée en 1999 par le plan Johanet, qui tablait sur de très fortes économies auprès de la médecine thermale. De nombreuses études sont menées par les sociétés savantes ces dernières années pour démontrer l'efficacité des cures. Le SMT souhaite que la médecine thermale puisse poursuivre ses actions dans le domaine de la prévention et de l'éducation à la santé. Il propose d'adapter la formation dans le domaine thermal en mettant en place un diplôme universitaire (DU) ou d'études spécialisées complémentaires (DESC) pour remplacer l'actuelle capacité qui ne peut être passée que deux ans après la thèse. «Un enseignement devait être mis sur pied en cinquième année de médecine à la fin des années 1990 mais il n'a pas eu lieu. Pourquoi ne pas revenir sur cette disposition et imaginer qu'il puisse y avoir une question relative à la médecine thermale aux épreuves classantes nationales (ECN)?», s'interroge Michel Palmer. La médecine thermale attend aujourd'hui des réponses.
(1) Les autres spécialités les plus représentées en médecine thermale sont la rhumatologie, l'ORL, la pneumologie, la cardiologie, la neurologie, la dermatologie...
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