Dans vingt ans, sauf innovation en matière de formation ou de conditions d'installation, les médecins de ville, comme les médecins hospitaliers, seront sensiblement moins nombreux qu'aujourd'hui. La population de la France étant censée s'accroître dans le même temps, la densité médicale du pays aura dégringolé et ce mouvement sera moins fort, mais la répartition des médecins sur le territoire sera plus homogène.
Ce tableau prospectif de la France médicale de 2020 est brossé par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité (1). Il précise que c'est à partir de 2004 que le nombre de médecins en exercice commencera à baisser en France - en 2008 seulement pour les médecins hospitaliers. Tous modes d'exercice confondus, les médecins qui sont aujourd'hui autour de 199 000 ne devraient plus être que 161 000 dans vingt ans. A l'hôpital, l'effectif passera de 56 800 à 51 200.
Plus rapide sera la chute de la densité médicale, puisque l'augmentation de la population jouant un rôle d'accélérateur, elle s'amorce dès cette année. La France compte aujourd'hui 329 médecins pour 100 000 habitants, elle n'en aura plus que 307 en 2010, 250 en 2020. A l'hôpital, il y a actuellement 94 médecins pour 100 000 habitants, il y en aura 91 en 2010, 79 en 2020. Le ministère précise que cette tendance à la baisse intervient après des années de hausse et qu'en 2020 « la densité médicale globale reviendra à son niveau du début des années quatre-vingt ».
En 2020, la diminution de la densité médicale (- 24 % en moyenne pour la France entière) concernera toutes les régions, avec des variations allant de - 3 % en Champagne-Ardenne à - 38 % dans le Languedoc-Roussillon. A l'hôpital, où la densité médicale devrait baisser de 15 % en moyenne d'ici à 2020, trois régions vont sortir leur épingle du jeu : le Limousin (+ 1 %), Champagne-Ardenne (+ 2 %) et surtout le Nord - Pas-de-Calais (+ 7 %), tandis que le restant des chiffres locaux s'étagera entre - 2 % pour Auvergne et - 29 % pour le Languedoc-Roussillon.
La spécificité de l'Ile-de-France
Quand le ministère observe l'évolution propre de chaque région, il trouve plusieurs cas de figure. Une seule région aura en 2020 des densités médicales (globale, hospitalière, et même hospitalière par spécialité) supérieures à la moyenne dans tous les domaines : l'Ile-de-France. D'autres, comme l'Alsace ou Provence-Alpes-Côte d'Azur, seront mieux dotées que la moyenne en médecins mais moins bien loties dans certaines spécialités hospitalières - l'Alsace va ainsi manquer de psychiatres hospitaliers. D'autres - l'Aquitaine, le Languedoc-Roussillon... - seront mal dotées en médecins hospitaliers, toutes disciplines confondues.
A l'inverse, la Franche-Comté et la Lorraine disposeront d'un nombre de médecins hospitaliers avantageux par rapport au reste de la France mais d'une densité médicale globale faible.
Au bout du compte, une nouvelle France de la démographie médicale va se dessiner, sous la pression, Ile-de-France mise à part, d'une tendance à l'homogénéisation des densités régionales (voir cartes). Il y aura en 2020 davantage de régions affichant une densité médicale supérieure à la moyenne qu'aujourd'hui (13 au lieu de 7) et, à l'autre extrémité de l'échelle, il n'y aura plus 7 mais une seule région - le Centre -, dont la densité médicale équivaut à moins de O,85 fois la moyenne nationale. Les écarts annoncés en ville existeront aussi à l'hôpital pour lequel 9 régions (au lieu de 5 aujourd'hui) auront dans vingt ans une densité médicale supérieure à la moyenne.
(1) « Un exercice de projection de la démographie médicale à l'horizon 2020 : les médecins dans les régions et par mode d'exercice. » Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (DREES) du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, « Etudes et résultats », n° 156, février 2002.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature