DEUX SYNDICATS DE MÉDECINS scolaires ont adressé une lettre ouverte à Jacques Chirac (voir « le Quotidien » du 30 mai). «Monsieur le Président, nous sollicitons votre intervention pour que des décisions soient prises rapidement afin de renforcer le corps des médecins de l’Education nationale au service de tous les élèves.» C’est en ces termes que se termine la missive signée par les Drs Dominique Mothes et Marie-Blandine Basalo, secrétaires générales du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (Snmsu) et du Syndicat national autonome des médecins de santé publique de l’Education nationale (Snamspen).
Les médecins scolaires ont le sentiment d’être délaissés par les pouvoirs publics, plus particulièrement par le ministère de l’Education nationale auquel ils sont rattachés. «Une des priorités de Jacques Chirac est l’intégration des handicapés dans la société. Il pourrait être sensible à la prise en charge des enfants handicapés à l’école par les médecins scolaires», commente le Dr Dominique Mothes. «Nous sommes aujourd’hui à un seuil critique, ajoute-t-elle . Nous sommes de moins en moins nombreux pour remplir nos missions.»
De moins en moins de vacataires.
En 2005, environ 1 350 médecins scolaires dont 120 conseillers techniques auprès des recteurs d’activité et près de 800 vacataires équivalents temps plein avaient la charge de 12 millions d’élèves. En 2006, après l’adoption de la loi organique relative aux lois de Finance (Lolf) et la mise en place d’un nouveau cadre budgétaire, les médecins scolaires espéraient que les vacataires seraient titularisés. Il n’en a rien été (voir encadré). Dans plusieurs académies, on a assisté, au contraire, lors de la dernière rentrée scolaire, à une importante diminution de leur nombre. «De nombreux rectorats ont réduit les crédits de vacation», explique Dominique Mothes. Selon la secrétaire générale du Snmsu, les médecins scolaires font les frais de la création de postes d’infirmières scolaires, annoncée en 2005 par François Fillon. Les médecins scolaires s’inquiètent de cette absence de recrutement. «Le nouveau projet de concours doit faire l’objet d’un décret qui n’a pas encore été signé. Ce concours a habituellement lieu entre mars et mai; mais on nous parle maintenant de l’organiser au mieux en septembre», explique Dominique Mothes.
Dans leur lettre au président de la République, les médecins scolaires rappellent que les propositions de plusieurs ministres concernent de nouvelles fonctions qui pourraient être confiées aux médecins scolaires dans le cadre des plans de cohésion sociale, de santé mentale, de la loi pour l’égalité des droits et des chances, de la protection de l’enfance, de la prévention de la délinquance… «On veut nous confier de nouvelles fonctions alors que nous ne parvenons déjà plus à remplir nos missions actuelles», se désole le Dr Mothes. Lors de la commission paritaire qui se tient aujourd’hui, les médecins scolaires ont prévu une nouvelle fois d’alerter les autorités : «Soit le ministère de l’Education nationale s’engage à renforcer le corps des médecins scolaires, soit nous sommes devant une extinction qui ne dit pas son nom», explique le Dr Mothes.
Inquiétudes pour la prochaine rentrée
Le Syndicat des médecins de l’Education nationale-Force ouvrière (Smeden-FO) et la Fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle s’inquiètent pour l’avenir de la médecine scolaire. «La situation qui se prépare pour la rentrée 2006 est catastrophique», assurent-ils.
Dans le cadre de la loi organique relative aux lois de Finance (Lolf), des rectorats menacent de ne pas réembaucher de médecins à la rentrée. «Dans l’académie de Grenoble, plusieurs médecins vacataires ont déjà été licenciés en février», relève le Smeden-FO. En Indre-et-Loire, presque la moitié des contrats de vacataire ne seraient pas renouvelés, portant les secteurs à un médecin pour 16 000 à 18 000 élèves. En Haute-Garonne, aucun contrat de médecin vacataire ne serait reconduit et, à Rennes, l’enveloppe des vacations aurait été diminuée de 30 % en mars. «C’est un service de santé publique au service de tous les élèves de la République qui est menacé de disparaître», affirme le syndicat qui réclame la réembauche immédiate de tous les médecins vacataires, le remboursement des frais de déplacement et l’ouverture de concours permettant la création de postes de médecins.
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