Depuis plus d'une semaine maintenant, les médecins scolaires observent une « grève du zèle », traduction : ils boudent le travail administratif, les enquêtes, les réunions avec les équipes pédagogiques.
C'est une petite phrase du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, lors de son discours du 28 février sur la décentralisation qui a inspiré la démarche des médecins scolaires. « Entendre que les infirmières sont chargées de l'éducation à la santé des élève et qu'elles font partie intégrante du projet pédagogique et que c'est la raison pour laquelle elles restent sous la tutelle de l'Education nationale nous a scandalisés. Non pas que les infirmières ne remplissent pas ce rôle, mais nous aussi ! », tonne le Dr Marie-Blandine Basalo, secrétaire générale du SNAMSPEN-UCMSF (Syndicat national des médecins de santé publique de l'Education nationale).
Officiellement, il ne s'agit pas d'une grève mais d'un « recentrage sur les examens cliniques ». Les médecins scolaires partent du principe qu'ils ont tellement de jeunes à voir qu'ils n'ont pas de temps à consacrer pour les affaires administratives. Et ils n'attendent qu'une chose : être réquisitionnés. La preuve par quatre qu'ils sont indispensables.
Les médecins scolaires ont également lancé une campagne de signature d'une lettre ouverte au Premier ministre. On ignore à ce jour le nombre de signataires, mais le but est « d'inonder M. Raffarin de protestations ».
Pour l'heure également, aucun retour du gouvernement ni même du ministère de l'Education nationale. « Nous n'avons aucune information. De toute façon, nous avons l'impression que l'Education nationale a eu à gérer un dossier qui n'était pas du tout préparé », constate le Dr Marie-Lucie Gosselin, secrétaire générale du SNMSU (Syndicat national des médecins scolaires et universitaires). En rappelant que le ministre de l'Education nationale, Luc Ferry, s'était encore prononcé contre la décentralisation des personnels de santé début décembre.
Unité syndicale
Les trois syndicats de médecins scolaires travaillent main dans la main dans cette protestation. « Nous sommes unis contre le transfert aux départements et aux régions, y compris avec les personnels d'entretien et de cantine et les conseillers d'orientation psychologues, assure le Dr Pierrette Salvaing, du SMEDEN-FO (Syndicat des médecins de l'Education nationale Force ouvrière). C'est d'ailleurs avec l'ensemble du personnel de l'Education que les médecins scolaires préparent la grève du 3 avril dans les établissements. « Les parents d'élèves nous comprennent et nous soutiennent », précise le Dr Gosselin. Un courrier a également été adressé aux parlementaires et aux conseils généraux.
La décentralisation est annoncée pour janvier 2004. Les médecins espèrent faire changer d'avis le Premier ministre, avant le dépôt au Parlement en mai de la loi de décentralisation.
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