DU CÔTÉ DES MÉDECINS LIBÉRAUX
DrMartial Olivier-Koehret, président de MG-France
«Nous avons un président bien élu, avec un gros score, une forte participation à l'issue de plusieurs mois de débat. Nicolas Sarkozy a une vraie légitimité pour agir. La campagne des législatives commence, nous souhaitons que la médecine générale y trouve toute sa place; chaque Français doit avoir un accès garanti aux soins de premiers recours. Nous avons alerté les pouvoirs publics sur la crise démographique qui ‘‘troue” le territoire partout. Nombre d'élus locaux sont paniqués, je crois que la désertification médicale peut être un thème de campagne fort pour les législatives.
J'attends du pouvoir une politique courageuse de réorientation du système de soins vers l'ambulatoire pour garantir à chacun les soins appropriés. Nicolas Sarkozy a parlé dans sa campagne d'équité tarifaire entre généralistes et spécialistes: cela peut être fait rapidement, ce serait un premier signe fort.
Je demande au nouveau gouvernement d'ouvrir des discussions avec les syndicats représentatifs de la majorité des médecins libéraux. François Fillon défend le principe des accords majoritaires dans le dialogue social. Il serait donc impensable que, chez les médecins, on continue à mépriser la majorité des partenaires...»
DrMichel Chassang, président de la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français)«C'est une victoire claire, nette et sans bavures, avec une majorité conséquente. Je me garde de porter un jugement, mais je souhaite bonne chance à Nicolas Sarkozy.
Nous attendons du nouveau gouvernement qu'il ne casse pas la dynamique de confiance avec le corps médical issue de la réforme de 2004, ni la convention qui a été mise en oeuvre. Le système a sans doute des imperfections, des défauts, mais il a le mérite de produire des résultats indéniables. Il faut poursuivre sur la voie des revalorisations d'honoraires médicaux et de la maîtrise médicalisée des dépenses, la seule voie possible. Il faudra que le gouvernement se garde de toute incursion dans le domaine conventionnel et de toute mesure unilatérale qui serait perçue négativement. Je ne parle pas en l'air.
La Csmf a fait des propositions avec son nouveau contrat de bonnes pratiques conventionnelles; dès cette semaine, nous proposerons également dix mesures concrètes à instaurer dans les 100premiers jours pour la médecine de ville. Bien sûr, nous souhaitons rencontrer le plus rapidement possible le ministre en charge de nos dossiers. Je ne lui fais aucun procès d'intention mais il devra avancer sans courir après les événements médiatiques.»
DrDinorino Cabrera, président du SML (Syndicat des médecins libéraux)«Quand j'ai entendu le premier discours de Nicolas Sarkozy après l'annonce des résultats, j'en ai presque eu la larme à l'oeil. Je suis ravi qu'on veuille remettre le travail au centre des préoccupations, sans pour autant oublier les nécessaires solidarités. La France dispose aujourd'hui d'un président massivement élu en dépit de son parler vrai qui aurait pu lui être préjudiciable.
Je voudrais aussi saluer le courage de Jacques Chirac lorsqu'il a lancé son plan Cancer. Nicolas Sarkozy a, pour sa part, parlé d'un plan Alzeihmer, et c'est tout aussi primordial dans un pays qui vieillit. En matière de santé, il va falloir déterminer et fixer la part de leurs revenus que les Français sont disposés à mettre dans leur protection sociale, car il faut bien comprendre qu'il n'y a pas de remboursements sans paiement préalable. Le futur ministre de la Santé devra également s'attacher à dégager de nouvelles marges financières pour les soins.»
DrJean-Claude Régi, président de la FMF (Fédération des médecins de France)«Je veux tout d'abord saluer l'esprit de responsabilité des Français, et des jeunes. Je salue également la victoire sans appel de Nicolas Sarkozy. J'ai apprécié le souffle de cette campagne présidentielle qui a mis en avant les vertus de l'effort, et de son corollaire, le travail récompensé. La France a voté pour un homme qu'elle juge le plus apte à faire redémarrer l'économie. Il faut cependant constater que les problèmes de santé ont été le parent pauvre de la campagne. Pourtant, les dépenses de santé, compte tenu du vieillissement de la population et des maladies nouvelles comme Alzeihmer, n'iront qu'en augmentant.
Le nouveau président va-t-il augmenter la part du PIB consacrée à la santé? Va-t-on enfin s'occuper de la mauvaise répartition entre la médecine de ville et l'hôpital? Le retour à un droit d'opposition majoritaire fera-t-il partie des priorités du prochain ministre de la Santé? Le futur gouvernement devra rapidement se prononcer sur ces sujets.»
DrClaude Bronner, président d'Espace Généraliste«Nous nous attendions à ce résultat qui correspond au souhait de la majorité des médecins. Nicolas Sarkozy et son futur gouvernement sont capables de donner une place plus importante à la médecine générale. Le seul grief que j'ai envers cette équipe, c'est l'amendement Vasselle [qui prive les syndicats Espace Généraliste et Uccmf du droit d'opposition à l'adoption d'accords conventionnels, ndlr]. Nous espérons que Nicolas Sarkozy fera preuve d'un esprit d'ouverture envers les syndicats de médecins libéraux qui ont emporté les dernières élections professionnelles et qu'il rassemblera tous les médecins autour de la table. Je le crois assez intelligent pour voir que l'alliance avec la Csmf et le SML n'a pas d'avenir.»
DrFélix Benouaich, président d'Alliance
«Ce résultat n'est pas surprenant, il était attendu. Pour nous, cela signifie que la France va poursuivre dans la voie de la réforme de l'assurance-maladie. Dès que nous allons rencontrer le prochain ministre de la Santé, nous mettrons sur la table les problèmes du secteur optionnel et des accords non tenus du 24août 2004. Quant à Xavier Bertrand, je suis convaincu qu'il continuera à avoir un rôle important dans le prochain gouvernement. J'ai confiance en lui, car c'est un vrai libéral et il est à l'écoute des médecins.»
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