Si souvent vilipendée dans les médias ces derniers temps, la VM garde une assez bonne image auprès des médecins. Et, qu’ils soient généralistes ou spécialistes, médecins de ville ou hospitaliers, les prescripteurs, premiers concernés par la visite médicale, semblent toujours lui accorder du crédit. Une enquête réalisée par la Cegedim incline, en effet, à penser qu’une large majorité de médecins considère la VM comme indissociable de sa pratique. À cette étude présentée lors des Entretiens de la Visite la semaine passée, quelque 2 640 professionnels ont répondu, et au cours du premier semestre 2011, plus de 150 000 fiches ont été analysées à l’issue d’un rendez-vous avec un délégué médical. Globalement, la VM est plébiscitée par un petit quart des généralistes, par près de 30 % des spécialistes libéraux et par plus de 35 % des PH. Et, surtout, si on additionne ces enthousiastes à ceux qui considèrent la visite médicale comme tout de même « assez utile pour leur pratique », on arrive à plus de 80 % d’opinions très ou assez positives sur cette activité.
L’enquête montre que plus on se spécialise et plus on est en phase avec le discours des VM. Peut-être parce que la pression des délégués est moindre sur les emplois du temps et les molécules présentées plus adaptées à la pratique. Alors que la réforme en cours de discussion au Parlement prévoit que l’hôpital essuie les plâtres des visites collectives, c’est paradoxalement dans ce cadre que la visite en face-à-face est la mieux perçue ! Par spécialité, c’est en dermato, pneumo ou ophtalmo que la démarche est la plus appréciée en ville ; et en rhumato et en ORL que l’on se montre le plus critique.
On retiendra aussi de cette étude deux constats plus surprenants. Primo, les femmes se montrent plus intéressées ou, en tout cas, plus indulgentes (ainsi, chez les généralistes, seules 10 % formulent un jugement carrément négatif contre 18 % des hommes). Secundo, plus on est jeune, plus on a à apprendre de ces ambassadeurs du médicament : 36 % des généralistes de moins de 35 ans qualifient la VM comme « très utile ». Leurs aînés, âgés de plus de 50 ans, ne sont plus que 22 % à être aussi positifs. Moins surprenant sans doute : plus un produit est récent et plus le rendez-vous sera jugé instructif par le prescripteur. A noter, enfin, quelques différences régionales dans l’accueil fait aux VM : c’est dans l’Ouest que l’on se montre le moins intéressé par le discours du VM (22 % n’en retirent rien pour leur pratique) et dans le Sud-Ouest ou dans le Centre-Est qu’on l’écoute avec le plus d’intérêt.
Cette étude vient redorer le blason d’une visite médicale plutôt victime depuis quelques mois des effets collatéraux de l’affaire Mediator. Mais elle reste dans le droit fil des études menées sur le sujet auprès du corps médical. Il y a un an, l’Observatoire de l’Aqim (Association pour la qualité de la visite médicale) réalisait une étude (sur 1 587 visites), au moment même du déclenchement de l’affaire (du 27/09 au 17/11). Il en ressortait que 62 % des généralistes jugeaient correct le comportement du délégué médical et 22 % l’estimaient de très bon niveau.
Seuls 16 % jugeaient la prestation insuffisante. les médecins sollicités par l’Aqim attribuaient l’automne dernier une note moyenne de 8,3/10 au comportement du visiteur et de 7,2 à son niveau scientifique. « Les visiteurs sont, dans l’ensemble, bien notés », note Marie-Noelle Nayel qui relève « une nette amélioration de la qualité de la VM depuis 2008 et même une augmentation des remontées de pharmacovigilance par ce biais ». « Les seuls indices qui font baisser la note sont l’information médico-économique sur lesquels les labos ne les ont pas assez sensibilisés », relève la Déléguée générale de l’Aqim qui estime aussi que les médecins seraient demandeurs de plus d’informations sur l’environnement et l’éducation thérapeutique du patient.
Au printemps dernier, une autre enquête de Cegedim présentée aux Assises du médicament montrait que les généralistes savaient d’ailleurs replacer la VM à sa juste place : si 62 % considéraient la VM comme « le meilleur moyen pour être au courant des nouveaux médicaments », seuls 47 % estimaient qu’elle permettait aussi « d’être informé sur la pathologie et son dépistage». Mais, quoi qu’il en soit, 7 médecins de ville sur 10 semblaient attachés à ce contact personnel, 31 % seulement se déclarant prêts à troquer le VM pour une télé-information, via Internet par exemple.
La VM se sort donc plutôt bien de ces enquêtes de perception, même s’il faut avoir à l’esprit que ces études n’intègrent que les 80 % de la profession qui reçoivent effectivement les visiteurs médicaux. Les 20 % restant étant soit réfractaires, soit en dehors du cœur de cible des industriels. L’étude présentée le 8 novembre à Paris aux « Entretiens de la Visite » suggère d’ailleurs que, malgré la certification des réseaux, il reste sans doute en France des marges d’amélioration, par rapport notamment à la VM allemande ou britannique qui semblent avoir fait l’unanimité chez les praticiens.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature