DANS UN CONTEXTE de tractations tous azimuts, les spécialistes et plus principalement les chirurgiens s'inquiètent d'une possible remise en cause du secteur II. Ils font bloc pour demander son maintien dans son cadre actuel. «Après le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales sur les dépassements tarifaires et la campagne de presse grand public qui a suivi, on assiste à un effet boomerang, affirme le Dr Jean-François Rey, président de l'Union nationale des médecins spécialistes (UMESPE-CSMF). Les chirurgiens ont de plus en plus de difficultés avec des patients qui acceptent mal les dépassements.»
Face aux pressions, le Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE) demande que les syndicats de médecins et l'assurance-maladie se concertent pour «définir un ratio qui délimiterait clairement le tact et la mesure».
«Une régulation bien conduite est préférable à une suppression ou à un étranglement du secteurII qui poussera les opérateurs désabusés à la grève», indique le Dr Yves Hepner, secrétaire général du SNCPRE. Cette initiative fait débat au sein de la profession. «Si on touche au secteurII, la grande majorité des chirurgiens mettront la clé sous la porte car ils ne pourront plus travailler dans de bonnes conditions,affirme le Dr Jacques Caton, président du Syndicat national des chirurgiens orthopédistes (SNCO). Plus de 80% des chirurgiens exercent en secteurII. Il faut se battre pour son maintien et mettre en place un secteur optionnel qui permettrait aux médecins de réaliser une partie de leurs actes aux tarifs conventionnés.»
Pas question pour le Dr Caton de délimiter le tact et la mesure. «Encadrer le secteurII n'a pas de sens. Je refuse d'en discuter avec l'assurance-maladie et l'Ordre, dit-il. Ce sont les praticiens qui doivent le définir en fonction de leur lieu de travail et des possibilités financières de leurs patients.» En attendant une réévaluation significative des tarifs opposables, le Syndicat national des oto-rhino-laryngologistes (SNORL) rappelle «l'impérieuse nécessité du maintien du secteur à honoraires libres, indispensable à la survie de nombreux cabinets». Le sujet des dépassements d'honoraires et des problèmes d'accès aux soins dans les grandes villes préoccupe l'Ordre des médecins. Une réunion a d'ailleurs réuni les conseils franciliens cette semaine. «Définir le tact et la mesure est impossible, confie le Dr André Deseur, délégué général de la communication au CNOM, mais nous pouvons définir des éléments indicatifs sur ces dépassements. L'Ordre demande depuis des années que les caisses qui constatent des abus itératifs nous donnent leurs données, par exemple.» Avec la reprise des discussions sur le secteur optionnel, nul doute que le débat devrait se focaliser dans les prochaines semaines sur le maintien en l'état du secteur II.
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