Oui, l'interaction entre pratique médicale et pratique religieuse est « évidente », estiment en majorité les médecins. Soixante-sept pour cent des libéraux et 79 % des hospitaliers disent qu'ils ont déjà été confrontés à des « situations d'interférence » entre les convictions religieuses, les pratiques qui en découlent et le suivi de leurs prescriptions.
Mais, indique l'enquête réalisée par questionnaire e-mail par le site MedHermes*, ils sont nombreux à regretter l'insuffisance d'information quant aux préceptes religieux appliqués au corps, à la maladie et à la douleur : 34 % des libéraux et 42 % des hospitaliers estiment qu'ils ne sont pas assez informés, et 7 % des libéraux et 3 % des hospitaliers, pas du tout informés.
Dommage, selon eux. Car 32 % des libéraux et 36 % des hospitaliers admettent qu'ils modifieraient leurs pratiques s'ils connaissaient les actes de nature à heurter la sensibilité religieuse de leurs patients.
Tabou ou pas tabou
Mais l'ignorance est telle, en la matière, que le sujet, délibérément ou non, est généralement éludé, du moins chez les libéraux : 75 % des médecins de ville ne posent jamais à leurs patients la question de leur confession religieuse. Trente-sept pour cent d'entre eux signalent d'ailleurs que les malades n'ont jamais manifesté la velléité de soulever la question spirituelle. Laquelle n'intervient dans le colloque singulier que pour 21 % des cas, lorsqu'un doute les effleure quant à la compatibilité d'une prescription avec les convictions religieuses éventuelles du malade.
La situation est toute différente à l'hôpital, puisque 74 % des praticiens disent qu'ils ont déjà abordé le sujet de la confession religieuse avec les personnes hospitalisées.
La même proportion estime que la pratique religieuse et les demandes particulières des patients sont suffisamment prises en compte au sein de leur établissement. Et ils sont 17 % à avoir recours à des « autorités religieuses » quand il s'agit de vaincre la réticence de patients face à certaines prescriptions leur apparaissant comme l'objet d'un interdit.
Quoi qu'il en soit, les médecins qui ont répondu à ce questionnaire sont une écrasante majorité à ne pas considérer les relations entre pratiques médicales et pratiques religieuses comme un sujet tabou : 96 % des libéraux et 90 % des hospitaliers disent ne pas se sentir gênés quand ils abordent la question.
* Questionnaire envoyé entre le 1er et le 4 février auprès de 770 médecins, dont 545 libéraux et 225 hospitaliers, répartis dans tous les départements français.
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