APRÈS AVOIR fait économiser 722 millions d’euros à l’assurance-maladie en 2005, les médecins libéraux ont poursuivi leurs efforts de maîtrise médicalisée des dépenses de médicaments et d’arrêts maladie au premier semestre 2006. Les indicateurs de la maîtrise sont en effet globalement au vert dans le bilan provisoire établi par la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) sur les sept premiers mois de l’année. Ce document, présenté par le directeur général de la Cnam lors de la dernière négociation conventionnelle, compare l’évolution des postes clés de dépense aux objectifs fixés en mars par l’avenant conventionnel n° 12. Cet accord mise sur 1,4 milliard d’euros d’économies au total sur 2006-2007, dont 790 millions d’euros pour l’année en cours.
Le tableau de bord de la Cnam montre notamment que la diminution des montants d’indemnités journalières (IJ, tous prescripteurs confondus), supérieure à 3 % depuis le mois d’avril par rapport à la même période de 2005, dépasse pour l’instant l’objectif annuel de – 1 %. La consommation d’antibiotiques évolue de même «dans les clous» : entre avril et juillet 2006, elle a fléchi chaque mois de 10 à 11,6 % par rapport aux mêmes mois de l’année précédente, conformément à l’objectif fixé (– 10 % en montant remboursé sur l’ensemble de l’année 2006 par rapport à 2005).
Mieux que prévu.
Les médecins libéraux font aussi mieux que prévu en matière de statines. L’objectif de maîtrise sur ce poste, certes beaucoup moins ambitieux qu’en 2005, consiste seulement à «stabiliser en montant les prescriptions par rapport au niveau observé en 2005». Or, entre janvier et juin, le montant des prescriptions de statines décroît en fait de 3,3 % (en juillet) à 6,4 % (en janvier) par rapport aux montants enregistrés un an plus tôt.
En mars, les médecins se sont collectivement engagés à infléchir de 5 % les prescriptions d’anxiolytiques et d’hypnotiques en valeur. Là encore, ils semblent en bonne voie de tenir leur pari : la baisse du montant des prescriptions de psychotropes était déjà de 5,2 % en avril et atteignait 6,3 % en juillet.
La seule ombre au tableau de la maîtrise porte sur les médicaments inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), nouveau thème de maîtrise introduit par l’avenant n° 12. Hormis un bon mois de janvier (– 3,3 % en montant remboursé par rapport à janvier 2005), les prescriptions d’IPP sont en repli de 0,6 % à 1,4 % entre février et juillet 2006 et restent donc en deçà de l’objectif de – 2 % sur l’année.
Par ailleurs, les efforts conjoints des médecins libéraux et des pharmaciens permettent de progresser lentement vers l’objectif de 70 % de génériques en volume sur le marché des médicaments généricables (d’ici au 31 décembre 2006). A la fin juin, ce taux s’élevait à 67,2 % pour les boîtes remboursées par le régime général (voire 68 % sur les 19 molécules cibles), sur la base du répertoire de l’Afssaps (1) en date du 31 décembre 2005. En revanche, ce taux est redescendu à 63,3 % en juillet dernier, compte tenu de l’actualisation du répertoire Afssaps des médicaments généricables au 30 juin.
Enfin, la maîtrise des dépenses des affections de longue durée (ALD) s’approche de son objectif à mi-parcours. L’écart entre le ratio ALD (2) réalisé et le ratio ALD tendanciel (au moment de la signature de la convention) était en effet de 3,9 points en juillet alors que l’objectif est de 4 points pour l’année 2006. Dans le détail, le document de la Cnam souligne que cette évolution globale à la baisse du ratio ALD est portée par les médecins omnipraticiens libéraux, mais freinée par les prescriptions des spécialistes (auxiliaires médicaux et biologie) et, surtout, par celles des établissements (médicaments et auxiliaires médicaux).
Le bilan à la mi-année de la Cnam fait en tout cas apparaître les médecins libéraux comme de « bons élèves » de la maîtrise médicalisée, à l’heure où le gouvernement procède à des arbitrages entre les soins de ville et l’hôpital dans le cadre du budget de la Sécu pour 2007.
(1) Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.
(2) Dépenses prises en charge à 100 % rapportées au total des dépenses.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature