Les réactions des syndicats de médecins libéraux
Le Dr Michel Chassang, président de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français)
« Je constate que, enfin, le président de la République et son gouvernement ont une large majorité permettant de mettre en uvre le programme de la campagne. Je rappelle que dans ce programme figurent en particulier la revalorisation des honoraires des médecins libéraux et la mise en place d'un système qui tourne définitivement le dos à la maîtrise comptable des dépenses de santé. Dans l'immédiat, j'attends au moins trois choses du gouvernement. Il doit avaliser l'avenant n° 10 (sur la revalorisation de la consultation à 20 euros) . Il doit lancer une enquête de représentativité syndicale pour permettre la négociation, puis la signature d'une convention médicale unique. Et il doit lancer au niveau national une vaste négociation sur la réforme du statut du médecin libéral, qui aborde notamment la question de la permanence des soins. Je note qu'il y a désormais harmonisation entre le président, le gouvernement et le Parlement. Tout le monde doit tirer dans le même sens, c'est la fin de la cohabitation qui n'a que trop duré... »
Le Dr Dinorino Cabrera, président du SML (Syndicat des médecins libéraux)
« Je suis ravi, d'abord, que l'on aboutisse à une vraie majorité permettant de gouverner car, avant le premier tour, j'avais craint un grand nombre de triangulaires meurtrières... Là, il s'agit d'une très large majorité, qui j'espère permettra des débats. Soyons clairs : c'est la configuration que je souhaitais, car elle permet d'agir vraiment pour les cinq années à venir. J'ai un a priori favorable mais j'espère maintenant que le gouvernement ne fera pas de bêtises. Pendant la campagne présidentielle, Jacques Chirac a eu des engagements relativement clairs, y compris en matière de santé. Il a notamment parlé de pacte de confiance avec les professionnels de santé. Tout est donc en place, maintenant les dossiers doivent avancer. Enfin, je ne vais pas pleurer sur la défaite de Martine Aubry... »
Le Dr Jean-Gabriel Brun, président de l'UCCSF (Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français)
« Nous ne sommes pas étonnés, nous avions prévu une large victoire de la droite présidentielle et c'est la raison pour laquelle nous nous sommes adressés immédiatement à François Fillon et à Jean-François Mattei. Ces gens-là ont désormais tous les pouvoirs et d'énormes responsabilités. Or si le gouvernement a en partie réglé le problème le plus urgent pour lui, c'est-à-dire le conflit des généralistes en intervenant directement, il n'a jamais évoqué les autres catégories de médecins. Le dossier des spécialistes, et notamment ceux qui exercent en plateau technique, doit être pris en compte immédiatement, au plus haut niveau. La réalité, c'est que nous venons de voir les caisses se vider sous nos yeux alors que l'on attend depuis dix ans ! Ce que je crains, c'est que le gouvernement n'envisage rien pour nous et nous renvoie vers la CNAM, ce qui serait intolérable. Par ailleurs, je voudrais savoir quel sera le rôle d'Alain Juppé dans cette majorité... »
Le Dr Jacques Reignault, président du CNPS
(Centre national des professions de santé)
« Le fait que l'UMP ait une large majorité me satisfait dans la mesure où le programme établi par Jacques Chirac va dans notre sens. Avec une telle majorité, on peut supposer que ses engagements vont être appliqués. Celui de la consultation à 20 euros pour les généralistes a été tenu, j'espère qu'il en sera de même pour toutes les autres professions de santé. Il faut, entre autres, tourner résolument le dos à la maîtrise comptable, mettre en place les bonnes réformes avec une responsabilité partagée (médecins, patients et pouvoirs publics), et remettre à niveau les tarifs et la nomenclature, notamment pour les chirurgiens-dentistes, les biologistes et les orthoptistes. Les finances seront sûrement un élément important dans cette affaire. Plus important que d'estimer le « combien », il faudra surtout trouver le « comment » combler le trou de la Sécu. »
Le Dr Pierre Costes, président de MG-France
« C'est une victoire claire qui permet l'unité des pouvoirs pour cinq ans. Je note que cette durée est en phase avec le mandat des administrateurs de la CNAM et avec le mandat restant des unions régionales. Tout cela pour dire qu'il y a maintenant une stabilité qui permet de construire, d'autant que la réforme de l'architecture conventionnelle est posée et que l'unité des professions de santé est acquise au sein du CNPS (Centre national des professions de santé) . La période s'ouvre, qui plus est, sur un accord (conventionnel) majoritaire qui permet une approche médicalisée, donc je ne suis pas sceptique. Le premier chantier professionnel, qui doit être traité dans les quinze jours, et sur lequel le gouvernement est en première ligne, c'est la permanence des soins ; certains décrets d'application ne sont toujours pas parus. Il y aussi le statut fiscal du médecin libéral, la retraite.
Quant à l'abstention record, c'est pour moi la marque du rejet des approches trop centralisées. Cela est valable aussi pour la gestion du système conventionnel, qui devra avoir des applications locales ou régionales, sur la visite par exemple. »
Le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF
(Fédération des médecins de France)
« Le peuple français a choisi clairement. Il ne souhaite plus la voie sclérosante de la cohabitation. Aujourd'hui, la droite détient tous les pouvoirs. C'est donc une grande responsabilité qui lui incombe dans sa volonté de maintenir ou non un véritable système libéral de distribution des soins dans notre pays. La politique de santé ne doit pas se faire sur le dos des médecins en maintenant les honoraires sous-évalués et anormalement bas. L'abrogation du tarif d'autorité ou sa mise à niveau, que propose la FMF, est l'affaire d'une volonté politique. J'espère que le gouvernement permettra d'instaurer dans le cadre d'une convention librement négociée des espaces de liberté accessibles à tous. »
Les réactions des syndicats de médecins hospitaliers
Le Dr Rachel Bocher, présidente de l'INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers)
« Un seul mot : je nous souhaite bonne chance ! Bonne chance à la nouvelle équipe qui arrive pour cinq ans, bonne chance à l'hôpital public, et que chacun s'y retrouve. Reste toutefois une inconnue après ce scrutin : avec près de 40 % d'abstentions, faut-il parler d'un parti des abstentionnistes ? Quoi qu'il en soit et quel que soit notre nouveau ministre, notre actualité reste la même, à savoir la sortie des textes que nous attendons depuis des mois (sur le protocole de la RTT). L'INPH ne comprendrait pas que leur publication ne soit pas concomitante avec l'application de la revendication des médecins généralistes (le C à 20 euros), c'est-à-dire le 1er juillet prochain. »
Le Dr François Aubart, président de la CMH (Coordination médicale hospitalière)
« L'abstention, encore plus nette que la semaine dernière, montre une prudence, sinon une défiance, vis-à-vis des projets politiques dans leur ensemble. Sinon, avec cette majorité légitime, j'espère des avancées pour les hôpitaux sur les dossiers essentiels que sont la démographie médicale, la continuité des soins et la promotion de l'hôpital et de la compétence médicale. Les premiers échanges avec le ministre de la Santé montrent qu'il a conscience des clivages très profonds entre la médecine de ville et la médecine hospitalière. Nous attendons donc du gouvernement en place qu'il mette autour de la table chacun des acteurs du système de soins, afin d'éviter une crise qui couve depuis longtemps, et qui serait préjudiciable pour les patients. »
Le Dr Pierre Farragi, président de la CHG
« Mis à part l'importance de l'abstention, que je regrette, cette victoire éclatante de la droite est un résultat cohérent car porteur d'une véritable alternance. Nos gouvernants vont enfin avoir les moyens de leur politique. Notre ministre, qui j'espère restera le nôtre, va disposer du temps et des moyens pour prendre à bras-le-corps les problèmes concernant les hôpitaux, comme la démographie médicale et la continuité des soins. Des problèmes dont il a parfaitement pris la mesure, et face auxquels il a déjà pris quelques engagements. On attend maintenant leur concrétisation. Dés demain, on revient donc vers lui, et on recommence à travailler sur l'application de la RTT et les conditions d'une revalorisation des carrières hospitalières. »
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