QUI METTRAIT en doute la renommée de Necker - Enfants-Malades, le groupe hospitalier situé au coeur du XVe arrondissement de Paris ? Référence hospitalo-universitaire incontestée, c’est le premier centre de recherche pédiatrique en France, voire en Europe, souligne le généticien Arnold Munnich. Les médecins qui y travaillent déplorent pourtant son état de vétusté. «Nous avons peur que, demain, nous ne puissions plus accomplir ce que l’on nous demande de faire aujourd’hui avec si peu de moyens», peste le Pr Pierre Carli, directeur médical du Samu de Paris. «L’établissement est fait de bric et de broc», témoigne encore le Pr Yann Révillon, chef du service chirurgie viscérale pédiatrique à Necker. «Ce matin encore, quatre familles m’attendaient, leurs enfants devaient être opérés et nous n’avions plus de lits disponibles.»
Urgence.
Il y a urgence, crie-t-on dans les murs du vieil hôpital. Ceux qui soutiennent depuis dix ans le projet de rénovation de l’établissement ressentent une certaine inquiétude (« le Quotidien » du 20 décembre 2006). Pour lever tout malentendu, ils organisent aujourd’hui et demain des journées d’information qui permettront de «découvrir le nouveau Necker et mieux comprendre ses enjeux médicaux».
Au sein du nouveau bâtiment Laennec (qui remplace onze bâtiments vétustes), le pôle mère-enfant de 55 000 m2 regrouperait les activités médicales qui sont actuellement dispersées sur le site et permettrait d’accueillir les équipes pédiatriques de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul. «Il s’agirait d’une transformation complète de notre façon de fonctionner», explique le Pr Révillon. «Nous pourrions enfin nous rapprocher les uns des autres. Un enfant reçu à Necker, c’est un enfant malade de “tout l’hôpital” en quelque sorte, et pas seulement du service chirurgie, du service hépatologie, etc. De plus, accueillir des enfants malades, c’est accueillir aussi les familles de ces enfants malades. Or la Maison de parents affiche régulièrement complet.»
Même constat du côté des équipes de recherche. «Nous passons notre temps à rattraper par les cheveux les jeunes chercheurs que nous avons formés mais que, faute de moyens, nous ne pouvons retenir et qui préfèrent partir pour l’Amérique du Nord», constate le Pr Munnich. «Nous accueillons des patients du monde entier. Notre excellence, nous la devons au prestige de nos prédécesseurs, mais aussi à la grande qualité de la recherche au sein de notre établissement. Or on nous demande de courir un 100m avec des semelles de plomb. Nous sommes dispersés dans cinquante endroits, on ne peut pas interagir.»
Les équipes de recherche seraient réunies dans un ensemble, baptisé Imagine, qui associerait pleinement recherche clinique et recherche fondamentale.
Un troisième bâtiment pourrait abriter des logements et une plate-forme d’information sur les maladies génétiques.
En attendant l’autorisation de construire de la Mairie de Paris, Necker espère remporter l’adhésion unanime des usagers.
Programme des Journées d’information, vendredi 9 et samedi 10 février, sur le site www.aphp.fr/ dans la section Necker.
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