Alors que la pollution à l'ozone revient en force sur une bonne partie de l'Europe avec la canicule, la région Ile-de-France annonce la mise en place d'une campagne de sensibilisation et d'information auprès des médecins d'Ile-de-France.
Sur la base d'une enquête menée courant 2002-2003, les 15 000 médecins et pharmaciens franciliens vont recevoir un livret d'information intitulé « Repères scientifiques et conseils pratiques », qui ne sera malheureusement pas disponible avant la fin de l'été. Toutefois, comme l'indique la brochure, la pollution ne se résume pas aux « pics » : « Il n'existe pas, à l'échelle de la population, de valeur d'exposition au-dessous de laquelle le risque pour la santé serait nulle », est-il rappelé. Les consignes sont donc valables toute l'année. En outre, les médecins généralistes, pédiatres, pneumologues et allergologues d'Ile-de-France seront régulièrement alertés sur l'évolution de la qualité de l'air par des lettres faxées.
Clés de la prévention, les professionnels de santé vont donc avoir pour tâche d'évoquer avec leurs patients « un problème complexe mais abordable ». Des chiffres sont donnés, mais le discours reste tempéré. On constate, selon une étude menée en Ile-de-France (ERPURS), une augmentation de 7,9 % des hospitalisations pour asthme pendant les journées les plus pollués et de 5,1 % des hospitalisations pour maladie respiratoire des moins de 15 ans. Toutefois, « l'ensemble des éléments, lit-on plus loin, conduit à soupçonner la pollution atmosphérique de jouer un rôle de cofacteur dans l'apparition ou l'aggravation de symptômes et de maladies, surtout respiratoires et cardio-vasculaires ».
Qui est vulnérable ?
Alors, docteur, que doit-on faire pendant les pics de pollution ? Repérer avant tout si l'on fait partie de la population vulnérable. Le choix est multiple, selon la brochure : enfants ou personnes âgées, femmes enceintes, insuffisants respiratoires ou cardiaques, asthmatiques, fumeurs et patients en bonne santé, mais « qui sont particulièrement sensibles à la pollution lors de pics précédents ». Que les « personnes bien portantes et qui ne sont pas sensibles à la pollution » ne se croient pas hors de danger, puisqu'elles doivent tout de même s'abstenir de tout exercice physique soutenu à l'extérieur. Par civisme, on n'utilise pas sa voiture, mais le vélo n'est pas plus recommandé.
Sujet complexe, dites-vous ? Mieux vaut rester chez soi. Malheur ! A-t-on vérifié que l'intérieur de sa maison n'est pas plus pollué encore ? « Dans un bâtiment, les concentrations de COV (composés organiques volatils) et de formaldéhyde peuvent être jusqu'à dix fois plus importantes qu'à l'extérieur », souligne-t-on dans la brochure.
Docteur, que faire ? Déménager à la campagne ? Méfiance ! « Il est vrai que la qualité de l'air y est meilleure en ce qui concerne la plupart des polluants, pourrait répondre le praticien qui lirait scrupuleusement le document d'information. Cependant, l'ozone fait exception à la règle. En effet, les niveaux d'ozone sont plus élevés en grande banlieue qu'à Paris lors des pics estivaux. »
Gageons que les médecins seront alors accusés de tenir un discours fumeux. Mais pourquoi donc s'obstiner à vouloir se protéger contre la pollution atmosphérique et à faire semblant de la prévenir plutôt que de prendre le taureau par les cornes ?
Les mesures préventives contre la pollution seraient peu efficaces
Selon Dominique Gombert, le directeur adjoint d'Airparif, les mesures préconisées par les autorités, notamment pour les automobilistes, n'ont que peu d'impact. « Limiter la vitesse de 20 km/h a un effet d'autant plus limité que cette mesure s'applique seulement sur une portion du réseau, grands axes et autoroutes, et qu'elle est inégalement respectée, souligne-t-il. Quant au stationnement résidentiel gratuit, on n'a pas d'études sur le nombre d'automobilistes dissuadés d'utiliser leur voiture. »In fine, l'impact sur les émissions serait de « quelques points de pourcentage » quand une réduction de 40 ou 50 % est nécessaire pour abaisser efficacement les concentrations d'ozone, poursuit Dominique Gombert. Selon lui, la lutte doit s'attaquer à la pollution de fond. « Les normes européennes d'émission des véhicules, la limitation des émissions de l'industrie sont efficaces à moyen terme », estime-t-il.
La mise en place d'une politique de transports qui privilégierait le fret ferroviaire et le transport fluvial et rendrait le train plus attractif que l'avion sur les courtes distances donnerait sans doute de meilleurs résultats.
En attendant, les organismes de surveillance de la qualité de l'air, Airparif mais aussi l'ADEME, ont été informés d'une baisse de leur crédits gouvernementaux pour 2003.
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