Un coup de pouce aux praticiens isolés

Les médecins de montagne ne s’attendent pas à des sommets

Publié le 23/10/2014
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Compte tenu du prix souvent élevé du foncier dans les stations de sport d’hiver et du poids des charges, bon nombre de médecins de montagne peinent à obtenir une rémunération suffisante. « Il est pratiquement impossible d’exercer en secteur I en montagne, affirme le Dr Jean-Baptiste Delay, président de l’Association des médecins de montagne (AMM). Compte tenu du prix du foncier, de la saisonnalité de l’activité, et du coût des équipements nécessaires, certains confrères se retrouvent avec des revenus nets d’à peine 1 500 euros. »

Le gouvernement va accorder un coup de pouce à ces praticiens dans le budget de la Sécu. Il propose la signature entre les ARS concernées et les généralistes libéraux de secteur I un contrat prévoyant le versement d’une rémunération complémentaire dont le montant reste à préciser.

D’une durée minimale de 36 mois et maximale de 72 mois, ce contrat est soumis à plusieurs conditions : le praticien doit exercer dans un territoire isolé, avoir une activité marquée par une forte saisonnalité, respecter les tarifs opposables, disposer de revenus inférieurs à la moyenne régionale, ne pas avoir déjà signé un contrat de praticien territorial de médecine générale (avec un revenu mensuel minimal garanti de 3 640 euros net) et ne pas bénéficier d’aides démographiques conventionnelles. Le praticien devra en outre participer à la permanence des soins.

Un projet encore flou

Le Dr Delay estime que ce projet constitue une avancée : « Cela fait 15 ans que nous n’avions pas été reçus au ministère. Les pouvoirs publics commencent à prendre la mesure de notre problématique. » Comment sera attribuée cette aide financière ? « L’idée, c’est de calculer la moyenne des revenus régionaux des généralistes de secteur I, et de verser la différence aux médecins de montagne via lefonds d’intervention régional. »

Au début de l’année, MG France s’insurgeait de la « stagnation des cotations et forfaits » des 320 médecins généralistes des stations de sport d’hiver et affirmait que la viabilité économique de nombreux cabinets de médecine de montagne était clairement posée.

Mais le projet de rémunération complémentaire demeure flou. « Qu’est-ce qu’un territoire isolé ? Qu’est-ce qu’une activité marquée par une forte saisonnalité ? Combien de médecins pourront prétendre au versement de ce revenu ? » Si la mesure ne touche qu’une poignée de médecins, la loi aura raté son but qui est de maintenir une présence médicale dans ces zones montagneuses, affirme le Dr Delay. Un décret doit définir les conditions d’application du projet de loi. L’association entend peser sur la rédaction de son contenu.

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9359